Cafouillage autour du cas Bouhadja : que se passe-t-il au sommet de l’Etat ?
Par M. Aït Amara – C’est le noir total ! Qui croire ? Le très informé canal médiatique Ennahar TV annonce avec insistance la démission de Saïd Bouhadja, le président de l’APN, ce dernier dément sur un autre média avoir jeté l’éponge.
Que s’est-il passé ? Ou, plutôt, que se passe-t-il ? Saïd Bouhadja a-t-il été limogé et apprend-il sa propre démission à travers la presse ? Tient-il tête à ceux qui l’auraient dégommé en refusant d’admettre qu’il vient d’être poussé vers la porte de sortie suite à son bras de fer avec le secrétaire général du FLN, Djamel Ould-Abbès ?
Il y a, dans ce énième cafouillage comme une inquiétante étrangeté. Il est difficile de croire qu’Ennahar TV se soit précipité d’annoncer une fausse nouvelle. Comme il est difficile de croire que le principal concerné n’ait pas été mis au courant de sa fin de mission à la tête du Parlement, la démission volontaire – cela tout le monde le sait – étant bannie de la pratique politique dans notre pays.
Cette cacophonie intervient après la longue série de changements qui ont concerné l’institution militaire et la contradiction flagrante qui s’en est suivie entre les propos rassurants du chef d’état-major de l’ANP et les sanctions prises à l’encontre de responsables de la DGSN et du MDN pour avoir continué d’agir envers un ancien chef de Région militaire limogé comme s’il était encore en fonction. Elle intervient aussi après les rumeurs sur la volonté «exprimée» par le secrétaire général de l’UGTA de rendre le tablier pour cause de maladie. Abdelmadjid Sidi-Saïd s’était empressé d’expliquer que ses propos avaient été mal compris et qu’il n’envisageait pas, pour le moment, de se retirer du secrétariat général de la centrale syndicale.
Le manque de clarté et la confusion qui caractérisent la communication officielle ont été éprouvés également lors de l’apparition de l’épidémie de choléra. Chacun y est allé de son élucidation et de sa scolie, tandis que les citoyens paniquaient à l’idée de savoir que les autorités compétentes étaient incapables de déterminer la source du mal et se contredisaient les unes les autres.
Ce nouvel embrouillamini autour de la démission – ou pas – du troisième personnage de l’Etat conforte l’opinion dans ses doutes sur le(s) centre(s) de décision et soulève des interrogations sur les querelles de chapelle qui opposent deux parmi les principaux acteurs de la vie politique nationale – le patron du FLN et le président du Parlement issu du même parti – et qui entame un peu plus la confiance, déjà fragile, des citoyens envers les institutions de l’Etat.
S’il y a crise au sommet, il faut le dire. L’opinion publique a le droit d’être informée.
M. A.-A.
Comment (28)