Méfiance
Par Sadek Sahraoui – Les pressions exercées par les Etats-Unis au sein du Conseil de sécurité de l’ONU pour pousser à la reprise des négociations se sont avérées payantes puisque le Makhzen a fini par accepter de revenir à la table des négociations.
Agacés par le blocage du processus de paix, Washington avait en effet estimé en avril dernier qu’il «était temps de voir des progrès vers une solution politique après 27 ans de statu quo». Washington avait alors affirmé que la responsabilité incombait avant tout au Conseil de sécurité qui a laissé «le Sahara Occidental devenir un exemple typique de conflit gelé». C’est d’ailleurs à ce titre que la 73e session de l’Assemblée générale de l’ONU a constitué l’occasion pour la communauté internationale de relancer le débat sur ce «conflit oublié».
Mais ce n’est parce que Rabat a accepté le principe d’aller à Genève le 5 décembre prochain pour y rencontrer les représentants du Front Polisario que les choses sont forcément sur le bon chemin. Certes, c’est un bon début. Il incombe toutefois à Horst Köhler, l’envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara Occidental, de veiller à ce que ces pourparlers ne s’éternisent pas et surtout que le Maroc ne les utilisent pas pour gagner du temps comme ce fut le cas par le passé.
Après tout, il n’y a pas grand-chose à négocier. Si ces négociations doivent servir à quelque chose c’est avant tout de permettre de définir, conformément aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité de l’ONU, les conditions et la date de la tenue d’un référendum d’autodétermination au Sahara Occidental. Et rien d’autre. Le peuple sahraoui n’a que trop attendu.
Aussi, il n’est pas vraiment certain que la proposition d’Antonio Guterres de renouveler pour une année entière le mandat de la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum d’autodétermination au Sahara Occidental (Minurso) soit une très bonne idée. Le bon sens aurait probablement voulu que l’ONU reste dans la logique américaine qui recommande d’accentuer les pressions sur le Maroc et ses alliés. Sur ce dossier, Washington apparaît avoir compris mieux que beaucoup que le seul langage que le Makhzen comprend est celui de la force.
S. S.
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