Péril à l’Est
Par Sadek Sahraoui – Chassez le naturel et il revient au galop. L’adage s’applique bien évidemment à merveille aux partis islamistes, même pour ceux d’entre eux qui donnent l’impression d’être les plus solubles dans la démocratie. En réalité, ils sont tous les mêmes et ont tous la même envie irréfragable d’instaurer la charia de gré ou… de force.
C’est la confirmation que vient de donner le mouvement tunisien Ennahdha, que l’on cite pourtant dans le monde arabe comme un exemple à suivre. Au vu des graves charges qui pèsent sur lui et son leader Rached Ghannouchi, ce parti n’est finalement pas si différent de l’ex-FIS qui a mis à feu et à sang l’Algérie durant les années 1990. Le mouvement Ennahdha est actuellement accusé d’avoir mis sur pied une sorte de police secrète pour intimider les «méchants» démocrates et les partisans de la séparation du religieux du politique. Pis encore, on lui reproche même d’avoir commandité les assassinats des militants de gauche Chokri Belaïd et de Mohamed Brahmi.
Et l’accusation en question est à prendre avec le plus grand des sérieux du moment qu’elle émane du président Béji Caïd Essebsi en personne. Ce dernier s’était d’ailleurs indigné, jeudi, au cours d’une réunion du conseil de sécurité nationale, contre la réaction du mouvement Enahdha qui a suivi sa rencontre avec le collectif d’avocats chargé justement de faire la lumière sur la mort de Chokri Belaïd et de Mohamed Brahmi. A l’occasion, le chef de l’Etat tunisien a même accusé le parti de Ghannouchi de l’avoir directement menacé.
Compte tenu de cette donne dangereuse, la société civile tunisienne commence à exiger des sanctions exemplaires à l’encontre Ennahdha. L’avocat et activiste Imed Ben Hlima a expliqué quant à lui que l’affaire de l’appareil secret d’Ennahdha, si elle est bien instruite, pourrait carrément conduire à la dissolution du parti. Pour lui, ce dossier explosif révèle le vrai visage des islamistes et fournit à tous les Tunisiens la preuve que l’islamisme politique est un danger qu’il faut au plus vite écarter. Que dire, sinon qu’il a raison de s’inquiéter et de tirer la sonnette d’alarme. S’ils ne prennent pas garde, les Tunisiens risqueraient effectivement de connaitre les mêmes drames que ceux endurés par leurs frères algériens. Ce que personne ne leur souhaite.
S. S.
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