Dérive européenne
Par Sadek Sahraoui – C’est maintenant une certitude, la table ronde sur le Sahara Occidental organisée la semaine dernière à Genève par l’ONU avec la présence des deux parties en conflit, le Front Polisario et le Maroc, n’aboutira à rien de concret. La raison s’explique par le fait que l’Union européenne, alliée du Maroc, fera tout pour faire dérailler le processus de règlement du conflit et maintenir dans la région le statu quo. Bien évidemment une situation de blocage arrangerait pour beaucoup les affaires du Makhzen dans la mesure où il pourra continuer à «pomper» sans retenue les ressources halieutiques, agricoles et minières des territoires sahraouis qu’il occupe illégalement depuis 1975. Bien sûr aussi, Bruxelles comte en profiter aussi.
L’appui apporté par Bruxelles à la colonisation du Sahara Occidental vient d’ailleurs de se confirmer à travers l’adoption par la Commission du commerce international (INTA) du Parlement européen du rapport de l’eurodéputée controversée, Patricia Lalonde, qui prévoit l’extension de l’accord agricole conclu entre l’Union européenne (UE) et le Maroc au territoire du Sahara Occidental occupé.
Cet acte aussi illégal que scandaleux et ignominieux est en fait le premier acte d’un plan sabotage de l’initiative que vient de lancer Horst Köhler, l’envoyé spécial du Secrétaire général des Nations unis, destinée à trouver une paix durable au conflit du Sahara Occidental. Il prouve, si besoin est, que le communiqué de soutien aux efforts de l’ancien président allemand rendu public par Bruxelles quelques heures après la fin du premier round de discussion entre le Front Polisario et le Maroc n’est que de la poudre aux yeux. Ce n’est qu’un vaste tissu de mensonges destiné à créer un nuage de fumée pour mieux dissimuler les crimes coloniaux du Makhzen et opérer un passage en force pour légitimer un fait colonial abject.
Ce qui s’est produit hier lundi 10 décembre au Parlement européen relève du scandale. C’est une atteinte grave au droit qui confirme que le soi-disant principe énonçant que l’UE est terre de justice n’est qu’une minable chimère.
En réalité, Bruxelles est encore animée par des desseins coloniaux. C’est là un fait et il n’y pas plus d’illusions à se faire là-dessus. Aussi l’Union européenne devra-t-elle porter l’entière responsabilité des conséquences qui découleront de son soutien à l’entreprise coloniale du Makhzen.
S. S.
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