Pourquoi le roi Mohammed VI «séquestre» le président gabonais
Par Karim B. – Des médias d’opposition gabonais font des révélations fracassantes sur le président malade Ali Bongo. Après son hospitalisation à Riyad, à la suite d’un accident vasculaire cérébral, il était prévu qu’Ali Bongo se soigne en Angleterre mais le roi du Maroc a tout fait pour qu’il soit transféré dans sa clinique privée à Rabat.
Mohammed VI tenait absolument à ce que le président gabonais soit amené au Maroc. Il a dépêché un émissaire à Libreville pour «forcer» l’épouse du chef d’Etat gabonais à accepter, malgré elle, cette demande expresse du Makhzen. Si on ne sait pas comment Rabat a pu convaincre la première dame du Gabon d’accepter cette «injonction», on sait par contre pourquoi Mohammed VI a insisté pour que Bongo soit son «hôte».
En effet, dénoncent des médias gabonais, «Mohammed VI est devenu le régent du Gabon». «C’est lui qui détermine l’agenda d’Ali Bongo et décide de qui il doit recevoir. De fait, sa démarche procède d’une volonté de contrôler le Gabon, ses richesses et ses terres», alerte l’opposition gabonaise.
«Au demeurant, Mohammed VI et son Maroc veulent gérer le Gabon comme le Polisario, qui a pourtant proclamé, en 1976, une République arabe sahraouie démocratique (RASD) et qui réclame l’organisation d’un référendum d’autodétermination pour régler le conflit né au moment du départ des colons espagnols», écrit Le Matin d’Afrique qui appelle le roi du Maroc à «respecter la souveraineté du Gabon et de son peuple». «Le Gabon ne saurait devenir la onzième province du Maroc», s’insurge encore l’éditorialiste.
«Le roi du Maroc se montre réfractaire à toute idée de vacance de pouvoir et de succession», au Gabon, relève-t-on encore, en expliquant que le régime monarchique de Rabat «veut continuer de faire main basse sur l’économie gabonaise». Le Maroc, à travers les sociétés de la famille régnante prédatrice, domine l’économie gabonaise et est présent dans tous les secteurs stratégiques, de la finance aux télécommunications, en passant par le transport et les mines. L’or exploité dans ce pays d’Afrique centrale profite à la famille royale, s’indignent les Gabonais courroucés par cette colonisation qui ne dit pas son nom.
K. B.
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