Deux communicants et un expert de l’organisation pour Bouteflika
Par Chérif K. – Dans un contexte où les enjeux économiques et sociétaux sont clefs, le trio qui forme la direction de campagne de Bouteflika semble promettre une campagne de communication bien huilée.
«Hommes du sérail, fins connaisseurs des secteurs les plus stratégiques et bien souvent collègues au sein du même gouvernement, les trois leaders chargés de la campagne du candidat Bouteflika se connaissent bien et maîtrisent les enjeux de société et des campagnes électives», souligne une source informée à Algeriepatriotique. Ce cocktail présage quelques changements importants dans la pratique politique si l’on se concentre sur ce qui lie ces hommes.
«Sensibles à l’économie et aux enjeux sociaux, Sellal et Benyounes n’ont jamais caché leur volonté d’apporter un souffle nouveau à l’économie et à ses effets sur la société, quitte à brusquer les habitues et défier les tabous», explique notre source, qui note que «derrière des sorties médiatiques fracassantes pour leur propre image parfois, ils ont toujours su créer le débat et des interrogations sur des sujets qui préoccupent la société ou qui devraient la préoccuper». «En tout état de cause, la société aura été l’un de leurs centres majeurs de préoccupation et il sera retenu auprès de leurs admirateurs une certaine forme d’intégrité difficilement contestable», admet notre source pour qui «Amara Benyounes reste l’un des rares ministres à avoir démissionné d’un gouvernement présidé par Bouteflika».
Dans le contexte de cette présidentielle, l’alliance de ces deux hommes politiques, présentés parfois comme opposés depuis la nomination de Sellal en tant que ministre des Travaux publics en remplacement d’Amara Benyounes suite à sa démission en mai 2001, promet de l’énergie.
Sellal, le faiseur d’élections
«Cet homme de confiance du président Bouteflika a conduit avec justesse les projets à connotation sociale les plus sensibles du Président», estime notre source. «En effet, précise-t-elle, de l’autoroute Est-Ouest et la transsaharienne du programme Nepad au réseau hydraulique algérien, il aura été le chef d’orchestre de grands chantiers d’infrastructures qui devaient permettre à l’Algérien de mieux vivre son quotidien et accélérer l’indépendance de l’économie algérienne envers les hydrocarbures».
Mais c’est en tant que Premier ministre au lendemain des «Printemps arabes» qu’Abdelmalek Sellal a surpris le plus, en affichant une personnalité populaire qui apaise les esprits bien que le contexte économique suggérait le contraire.
Directeur de la communication : un costume «parfait» pour Benyounes
«Comme un juste retour des choses, il aura été de ceux qui ont participé volontairement à façonner l’image du Président indispensable», relève notre source, selon laquelle le président du MPA «a été, lors de la dernière campagne électorale de 2014, celui qui a défendu les couleurs de l’Algérie et porté la parole du Président à l’étranger dans un contexte bien difficile où le quatrième mandat était mal vu et incompris de beaucoup de partenaires étrangers et de la communauté nationale à l’étranger».
«Habile du verbe, dans ses déclinaisons amazighe, arabe et française, il a frappé particulièrement les esprits en appelant à un quatrième mandat alors qu’il s’agissait du troisième. Il faut reconnaître que dans toutes les campagnes électives qu’il a eu à mener depuis 1990, des locales aux présidentielles, et petit parmi les grandes formations politiques, il a toujours su faire résonner sa voix et celle de son Président», confie notre source.
«Pour cette étape encore, en étant le dernier à se prononcer pour un cinquième mandat, il semble avoir été de ceux qui ont le mieux compris les enjeux de cette période pour le Président et à décrypter l’échiquier politique», pense notre source, convaincue que «pour cette constance, et à bien d’autres égards, Amara Benyounes paraît être la personnalité idoine pour porter la lourde tâche d’assurer la communication du candidat Abdelaziz Bouteflika dans le contexte de ce 5e mandat, surtout si l’on se réfère à l’aveu d’Ahmed Ouyahia lorsqu’il signifiait l’incapacité du gouvernement à communiquer justement».
Mustapha Rahiel : expert de l’organisation et des réseaux
Moins connu du grand public que les deux premiers, Mustapha Rahiel «a su se distinguer dans le système politique algérien par sa discrétion et ses capacités d’organisation», explique notre source. «Il aura servi également aussi bien Benyounes que Sellal dans leurs différentes responsabilités ministérielles en tant que secrétaire général aux Travaux publics, chef de cabinet du ministre de la Santé et, enfin, ministre-chef de cabinet du Premier ministre», rappelle-t-on. «Dans ces rôles respectifs, il a été celui qui articulait les chantiers et les réseaux mais, surtout, la transition en aval comme en amont entre les deux hommes», note notre source qui voit dans «sa connaissance des arcanes du pouvoir et du jeu des réseaux d’influence, notamment dans le milieu des affaires» un atout qui «devrait permettre une coordination fluide dans la continuité de son action au sein de l’instance de coordination et de gestion actuelle du FLN».
C. K.
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