Excès de langage
Par R. Mahmoudi – Deux jours après le séisme qui a frappé le pays, nous avons l’impression que la classe politique, pouvoir et opposition, n’en a pas encore saisi le message. Au lieu d’imaginer des solutions urgentes, en faisant des propositions susceptibles de ramener le clame et de désamorcer la crise, les deux camps campent sur leurs positions respectives et semblent même tentés par le pire, c’est-à-dire aller vers l’affrontement, sans se soucier des conséquences calamiteuses qui peuvent en découler.
S’il est difficile pour l’alliance présidentielle d’accepter, aujourd’hui, la capitulation dans les termes qui sont posés par la rue, il y a toujours, en politique, un moyen de trouver un terrain de compromis et de briser ce statu quo mortel qui étreint le pays. Des partis et des personnalités politiques ont proposé, hier, l’idée de mettre en place un gouvernement d’union ou de salut national pour gérer une période de transition. C’est bien en-deçà de ce qu’exige la rue mais, faute de mieux, le pouvoir doit se montrer pour une fois conciliant, en acceptant la perche qui lui est tendue. Car ce jusqu’auboutisme aveugle du FLN et de ses alliés ne fera qu’alimenter davantage les tensions. Les excès de langage de Bouchareb, dans son meeting à Oran, en sont un exemple.
De son côté, l’opposition doit aussi mesurer son langage, en se gardant de jeter de l’huile sur le feu ou de pousser la radicalisation de la rue vers l’irréparable. Faute de quoi, une troisième force doit s’interposer ou s’imposer pour sortir le pays de cette impasse.
R. M.
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