Marches : ce qu’un journal français affirme sur les services algériens
Par R. Mahmoudi – Citant une «source sécuritaire algérienne», le quotidien parisien Le Figaro affirme que les services de renseignements avaient averti «l’écosystème de Zéralda» – que le journal qualifie encore de «forteresse médicalisée et isolée du chef de l’Etat» – sur les manifestations populaires contre le cinquième mandat qui avaient eu lieu ce vendredi à Alger et à travers plusieurs wilayas du pays. «On ne peut pas dire qu’on n’avait rien vu venir. On les avait prévenus qu’il y aurait du monde», ajoute le journal français, en citant la même source qui a «requis l’anonymat», bien qu’il soit difficile de croire qu’un officier des services secrets algériens s’ouvre ainsi à un média, étranger qui plus est.
D’après toujours Le Figaro, le cercle présidentiel ne serait pas «tout à fait hors champ» et serait «loin d’être surpris» par le cours qu’ont pris les événements. «S’il faut passer par là, laisser les gens exprimer leur colère, alors qu’il en soit ainsi», aurait commenté, pour le journal français, une autre source anonyme, un «fidèle du cercle présidentiel», «sur un ton toutefois inquiet», précise le quotidien de droite.
Les médias et l’establishment politique français suivent de très près les événements en Algérie, à quelques mois de la tenue de l’élection présidentielle. Presse écrite, sites électroniques et télévisions généralistes et d’information en continu ont couvert les marches qui se sont déroulées à travers le pays ce vendredi, que certains n’hésitent pas à comparer au mouvement des Gilets jaunes.
S’attendant certainement à des débordements, ces médias ont vite déchanté en constatant le caractère pacifique des manifestations et la maîtrise de la situation par les forces de l’ordre.
A l’affût de la moindre information, les médias français tentent de déchiffrer «l’énigme algérienne», mais ils semblent déboussolés et désarçonnés à la fois par la décision du président Bouteflika de briguer un cinquième mandat, en dépit de sa maladie lourde, et par la réaction de la rue qui a fait montre d’un civisme et d’un patriotisme inégalables, exprimant leur refus du statu quo et d’un cinquième mandat dans le calme et la sérénité, malgré quelques escarmouches sans gravité. Si bien que certains, ici en Algérie, l’appellent déjà la «Révolution joyeuse».
R. M.
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