Ramtane Lamamra : «Nous refusons d’envisager le pire pour le pays»
Par Hani Abdi – Ramtane Lamamra, vice-Premier ministre, décline le «plan de travail» présenté par le président Bouteflika, qui «permettra de répondre à l’appel pressant au changement et de veiller à ce qu’il se déroule dans le calme et dans la sérénité». «Quand la patrie gagne, tout le monde gagne. Quand elle perd, tout le monde perd», souligne-t-il.
S’exprimant sur les ondes de la Chaîne III, Lamamra insiste sur le mot «plan de travail», assurant que la feuille de route pour la transition sortira de la conférence nationale inclusive. «Le président Bouteflika n’a pas présenté une recette magique. Il n’est pas l’organisateur ni lui ni le gouvernement qui ne sont que des facilitateurs», soutient-il. Pour ce faire, «il faut rebâtir la confiance, donner des garanties aux manifestants.» Il poursuit en assurant que «le Président ne propose pas de faire lui-même cette Constitution ou de faire cette conférence. Il a décidé que le moment est venu de donner la parole au peuple et non de lui présenter un programme, puisque l’aspiration du changement est profonde».
Ramtane Lamamra dit être optimiste quant à l’adhésion d’une grande majorité des Algériens à cette conférence nationale inclusive. «Nous refusons d’envisager le pire pour le pays. Nous ferons tout ce qui est humainement possible pour qu’il y ait un large pan d’adhésion», répond-il aux questions des journalistes.
Il explique que cette conférence nationale inclusive va réunir tous les Algériens, dans toutes leurs composantes, considérant que si les Algériens se réunissent, c’est bien pour aller de l’avant et pour avancer vers un système politique meilleur qui répondrait aux exigences de l’heure, notamment de la jeunesse et des femmes.
Lamamra respecte les réserves et le rejet de ce «plan de travail» par des Algériens qui poursuivent leurs manifestations et estiment qu’il était du devoir du gouvernement en cours de construction de donner des garanties quant à la sincérité de la démarche.
«Les réactions de rejet sont parfaitement respectables. Nous sommes admiratifs de ces manifestations pacifiques, de la mobilisation de notre jeunesse qui a démontré sa grande ambition pour le pays et sa parfaite maîtrise de l’organisation et des nouvelles technologies», précise Lamamra pour lequel la plus grande réalisation de Bouteflika est «l’émergence de cette jeunesse dynamique, ambitieuse et fulgurante qui a permis à ce que les manifestations soient tout à fait pacifiques». «La société algérienne a bel et bien progressé», martèle-t-il.
Lamamra précise que la conférence nationale est souveraine du choix du système politique qui constituera les fondations de la deuxième République. Selon lui, les points qui ne sont pas discutables et sur lesquels la majorité des Algériens sont d’accord sont le caractère républicain et démocratique et les constantes nationales (arabité, amazighité et islamité).
Lamamra estime que tout ce qui se passe actuellement en Algérie fait partie du jeu démocratique. Il appelle ainsi l’ensemble des forces vives de la nation à «faire preuve de créativité». «Plutôt de bâtir des murs, il faut dialoguer pour transcender des conjonctures difficiles», soutient-il. «Nous ne pouvons vivre ce qui s’est passé en Libye ou en Syrie. La Libye et la Syrie ont commis des erreurs que nous n’allons pas faire», assure Ramtane Lamamra. «Nous avons la responsabilité de convaincre. Nous allons aller vers tout le monde, vers le citoyen. Nous sommes contraints de réussir, à nous entendre», ajoute-t-il, estimant que «la poursuite des marches doit nous motiver davantage pour aller plus vite dans le sens voulu par le peuple».
Selon lui, l’idée de cette conférence n’est pas nouvelle. Des partis ont même mené des consultations.
H. A.
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