Capital
Par Sadek Sahraoui − Les Algériens ont manifesté massivement hier, pour le quatrième vendredi de suite, pour rejeter la seconde offre politique du président sortant Abdelaziz Bouteflika. Uniques dans l’histoire récente du pays, ces mobilisations phénoménales ont valeur de référendums populaires. Le message délivré ne souffre d’aucune ambiguïté. Le verdit de la rue est en effet sans appel : la population dans sa majorité écrasante ne veut ni d’un cinquième mandat et encore moins d’un «4+» (dénomination donnée par les jeunes à un mandat allongé). Jamais un pouvoir n’a autant été désavoué et discrédité.
Devant une telle situation, n’importe quel autre gouvernement censé aurait en toute logique, pour éviter au moins un éventuellement pourrissement, rendu les clés de la maison et laissé son peuple prendre ses destinées en main. Les expériences vécues par d’autres pays le prouvent : plus un mouvement de protestation dure dans le temps et plus les risques d’incidents et dérapages sont grands. L’actuel chef de l’Etat aura-t-il la sagesse d’en faire autant ? Il est à espérer fortement que la sagesse et le bon sens finiront par l’emporter. Il ne serait pas juste que les magnifiques leçons de combat pacifique prodiguées par les Algériens au monde entier soient dévoyées et transformées en cauchemars. Personne n’a le droit de voler ou de pervertir cette éclatante victoire.
L’union sacrée qui s’est construite ces dernières semaines autour de la nécessité de respecter les lois, de libérer la justice et de jeter les bases d’un Etat démocratique nous servira de socle pour construire une nouvelle Algérie. Une Algérie plus juste dans laquelle chacun de nous pourrait se reconnaître et aurait sa place. Jamais, depuis l’indépendance, les Algériens n’ont regardé dans le même sens comme ils le font cette fois. Le contexte historique n’a jamais été aussi propice à l’élaboration d’un large et solide contrat social car l’entente et la demande émane, cette fois, des entrailles de la nation.
Mais cela ne veut pas dire aussi qu’il est nécessaire de jeter à la poubelle les acquis engrangés jusque-là et commencer à reconstruire tout depuis zéro. Car, en effet, pourquoi se compliquer la vie. Si on le désire, notre transition peut être la plus aisée et la plus réussie qui soit. Dans le fond, les Algériens ne demandent pas de nouvelles lois. Celles qui existent ne sont pas si mauvaises que cela. Elles demandent peut-être à être améliorées. Mais sans plus. Ce que les Algériens veulent, c’est qu’elles soient appliquées.
S. S.
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