Neutralité irritante
Par Kamel M. – Les partisans de l’ingérence occidentale dans la crise politique algérienne enragent. La déclaration du ministre russe mettant en garde contre toute tentative d’immixtion dans les affaires intérieures de l’Algérie a réveillé les vieux démons du néocolonialisme dont les affres sont perceptibles dans tous les pays par lesquels le cataclysme du «printemps arabe» est passé.
Les réactions de Sergueï Lavrov ont été déformées pour être présentées comme une «volonté d’internationalisation» des événements qui ont cours en Algérie bien que le ministre russe des Affaires étrangères ait été clair dans ses propos à travers lesquels il a réitéré la politique étrangère traditionnelle du Kremlin, à savoir le rejet de toute implication dans les affaires intérieures de pays tiers.
La manœuvre qui a suivi la conférence de presse conjointe de Ramtane Lamamra et Sergueï Lavrov à Moscou met à nu un mouvement de panique chez ceux qui espéraient voir une puissance occidentale reprendre les rênes en Algérie, à travers ses relais littéraires et médiatiques. L’expérience syrienne qui a viré au cauchemar devait, vraisemblablement, servir de paradigme pour rééditer le coup de la «démocratisation» du régime algérien à travers son remplacement par un autre à la solde de Paris, tout en évitant les erreurs commises en Syrie.
La situation en Algérie étant complètement différente, l’approche devait être adaptée de sorte à tirer les ficelles en catimini sans trop s’afficher, vu le refus catégorique des Algériens de toute intervention étrangère d’où qu’elle vienne. Toutes les capitales occidentales ont compris le message des manifestants qui, tout en exigeant le changement radical du système, n’en sont pas moins conscients que le pays doit être préservé des tentatives de déstabilisation venant de l’étranger.
Des journaux français de gauche connus pour leur hostilité légendaire envers l’Algérie, une agence britannique qui fait sa propre interprétation des propos d’un ministre qui s’exprimait en russe et des «chroniqueurs» algériens habitués des plateaux de télévision français crient en chœur, effarouchés, au «soutien de Moscou à Bouteflika». Action concertée ou simple coïncidence ?
K. M.
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