Vaine tentative de l’opposition à vouloir étouffer la voix du peuple
Par Youcef Benzatat – En se positionnant unilatéralement comme représentant de la résurgence du peuple algérien, l’«opposition» s’expose ridiculement dans une posture de chasseur de vent avec un filet de pêcheur. Car cette résurgence est de l’ordre d’un réajustement de la trajectoire du destin historique de ce peuple, un bond qualitatif refondateur de son devenir et celui d’une nation qui ne cesse de se structurer depuis des millénaires. Elle n’est pas seulement une révolte contre un pouvoir «extraconstitutionnel», comme voudraient le faire croire ces marginaux du système de pouvoir qui s’est rendu coupable de l’avilissement de ce peuple depuis son émancipation de l’emprise coloniale, par cupidité et ignorance. Des marginaux au sens que ces derniers ont de tout temps servi de faire-valoir à ce système de pouvoir pour sa survie, en tant que lièvres ou boycotteurs, dans des élections jouées d’avance. Pire, leur configuration du vivre-ensemble se présente dans des dimensions très étroites au regard des désirs de l’ensemble du peuple.
Même si on considère que la genèse de cette révolte remonte à vingt ans, trente ans même, voire depuis le moment où la volonté du peuple algérien s’est déterminée pour la réappropriation de son destin aux premiers balbutiements du mouvement national, au tout début du XXe siècle. Aussi loin qu’on peut remonter dans le temps, cette volonté de liberté et de souveraineté du peuple algérien ne s’est jamais éteinte pour laisser place à un fatalisme ayant débouché sur l’anéantissement de sa mémoire de peuple caractéristique et original. Cette volonté est devenue un trait de caractère principal de son identité, et c’est ce trait de caractère qui se réveille aujourd’hui.
En agissant de la sorte, l’opposition ne semble pas considérer cet évènement à sa juste mesure. Cette volonté affichée par tous les habitants du vaste territoire national de se réapproprier leur pays et de reconquérir leur liberté. D’en être irréversiblement l’unique source du pouvoir, l’unique expression de souveraineté, aussi bien nationale que sur le plan international. De ce fait, ce sera peine perdue également pour toute tentative d’ingérence étrangère, dont le peuple est murement averti et farouchement opposé aux tractations qui se déroulent derrière son dos, que ce soit de la part de puissances étrangères ou des tentatives du pouvoir agonisant à solliciter le soutien de ces puissances en échange de la préservation de leurs intérêts néocoloniaux dans la région.
Désormais, rien ne se décidera sans la validation de la souveraineté populaire. Ni les dernières convulsions de survie d’un système de pouvoir agonisant, ni les coups d’épée dans l’eau des puissances étrangères, ni les tentatives de séduction grossières de l’opposition. Le peuple a couvé et intériorisé sa stratégie de résistance depuis des décennies et rien ne pourra le détourner de son objectif, ni affaiblir sa détermination. Toutes les tentatives de sa division, du détournement de l’aspect pacifique de la manifestation de sa volonté pour la transformer en violence seront vaines et sans effet sur sa marche pour l’appropriation de son pays, de son destin et de sa liberté. Cela prendra le temps qu’il faudra.
Au moment voulu l’incarnation de ce désir et de cette volonté surgira des entrailles de ce peuple pour accomplir son destin. Ni la date-butoir de fin de mandat de Bouteflika, ni le coup de force contre la volonté du peuple que l’opposition s’active à commettre, ni toute autre référence aux outils constitutionnels et institutionnels ayant été confectionnés unilatéralement par et au profit d’un système de pouvoir disqualifié ne pourront infléchir, ni détourner la trajectoire d’un combat juste et légitime qui projette de fonder son propre espace du vivre-ensemble et le codifier collectivement pour que plus jamais un Algérien ou une Algérienne ne puisse se sentir exclu.
Y. B.
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