Détermination d’un peuple contre ruse d’un régime
Par Youcef Benzatat – Le peuple n’a plus à démontrer sa détermination à vouloir recouvrer sa liberté, après avoir transcendé toutes ses divisions et ses hésitations, en s’étant approprié l’espace public par des manifestations massives, des semaines durant, pour affirmer sa volonté politique comme unique source de pouvoir et de loi. C’est tout le peuple avec toutes ses composantes qui manifeste depuis plus d’un mois dans l’unité et dont la détermination se renforce de jour en jour et devient au fil du temps un désir de liberté irréversible. Il serait inimaginable de concevoir qu’il voudrait vivre de nouveau dans la résignation et l’humiliation comme auparavant. Sa détermination relève du fait révolutionnaire, celui qui devrait aboutir à un ordre nouveau aux lieu et place d’un ordre ancien tenu pour responsable de son aliénation.
Sur le chemin de sa liberté se dresse un régime qui ne manifeste aucun scrupule pour l’entendre et lui restituer ce qu’il lui a pris et ce dont il l’a privé : son pays et sa liberté.
Par son obstination au recours intempestif à la ruse, ce régime espère ainsi parvenir à user sa détermination et atomiser son unité. Proposant autant de scénarios et de plans de sortie de crise jusqu’à l’absurde. Le Président propose un plan de sortie de crise que le peuple refuse. Le chef de l’armée, rejoint par les soutiens traditionnels du Président (médias, politiques, syndicats, oligarques) qui retournent leur veste pour le soutenir à déposer le Président, pour proposer à son tour un nouveau plan de sortie de crise que le peuple refuse catégoriquement. Dans la foulée, les plus décriés par le peuple et les plus fidèles au Président sont écartés sans ménagement du sérail pour alimenter la ruse par la bonne foi. Et comme cela ne suffisait pas, la rumeur de la moralisation de la vie politique bas son plein. Ainsi, des oligarques et quelques autres boucs émissaires seraient interdits de sortie du territoire. Les directeurs de banque sont mis en demeure d’empêcher la fuite des capitaux mal acquis. Tout pour séduire le peuple qu’on s’obstine à croire toujours crédule.
Alors que celui-ci tient fermement à sa détermination et n’entends pas à son tour le chant des sirènes lui vanter la formule cynique du «je vous ai compris !». Ni la référence à la Constitution, à qui il n’accorde plus de crédit, depuis qu’elle a été piétinée autant de fois pour alimenter d’autres ruses par le passé, ni les promesses d’élections propres dans un proche avenir, de tout temps non tenus et pour être sitôt trahies, n’ont d’effet sur sa prise de conscience politique et sa volonté irréversible de bâtir par lui-même tous les plans qui pourraient satisfaire ses désirs de liberté et de souveraineté. Organiser par lui-même la transition. Réécrire sa propre Constitution. Contrôler ses propres élections. Elire et sanctionner lui-même les bons et les mauvais gouvernants.
Le peuple n’a pas d’autre choix que de revenir tous les vendredis pour déjouer les ruses et les pièges tendus pour anéantir sa détermination et atomiser son unité. Si la révolution armée est un champ de bataille entre la guérilla du peuple contre une armée puissante et organisée, la révolution pacifique est un théâtre où se joue la détermination d’un peuple contre la ruse d’un régime.
Y. B.
Ndlr : Les opinions exprimées dans cette tribune ouverte aux lecteurs visent à susciter un débat. Elles n’engagent que l’auteur et ne correspondent pas nécessairement à la ligne éditoriale d’Algeriepatriotique.
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