Le pouvoir post-Bouteflika compte aller jusqu’au bout de sa logique
Par Karim B. – L’élection expéditive d’Abdelkader Bensalah pour la conduite des affaires de l’Etat jusqu’à la prochaine présidentielle démontre que les jeux étaient faits à l’avance et que le pouvoir post-Bouteflika a fixé sa feuille de route qu’il compte mettre en œuvre quelle que soit la réaction de la rue.
A un député qui avait voulu prendre la parole, le désormais président de l’Etat a rétorqué que la session était réunie pour valider le constat d’empêchement et que ni le temps ni le lieu n’étaient propices à quelque débat.
Par ailleurs, le vote à la quasi-majorité des voix en faveur de Bensalah est un signe qui ne trompe pas sur la persistance des anciennes méthodes dirigistes héritées des vingt années de règne de Bouteflika.
Les manifestants qui réclament le départ des trois représentants actuels du pouvoir civil, le président du Conseil de la nation, le président du Conseil constitutionnel et le Premier ministre, en épargnant – jusqu’ici – le chef d’état-major de l’armée, vont certainement se braquer sur Abdelkader Bensalah lors de la prochaine manifestation, mais ils pourraient écorcher Ahmed Gaïd-Salah au passage.
En confiant la période qui précède la prochaine échéance électorale à Abdelkader Bensalah, l’armée semble vouloir transmettre deux messages. Le premier étant le refus de la hiérarchie militaire de s’immiscer directement dans les affaires politiques en laissant les institutions civiles prendre en charge la mission de faire aboutir cette courte période de transition aux changements voulus par les citoyens. Le second consiste à ne pas «trop» s’éloigner de la Constitution en veillant à en respecter les dispositions, en dépit de son caractère controversé du fait qu’elle a été amendée plusieurs fois pour l’adapter aux désidératas du président officiellement déchu ce mardi.
Mais le fossé pourrait s’élargir entre les citoyens désireux de voir des changements radicaux être entrepris immédiatement par l’institution militaire et des représentants de l’Etat qui ne veulent pas lâcher les manettes tout en assurant être à l’écoute du peuple.
Ce vendredi pourrait être tendu.
K. B.
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