Non au chaos !
Par M. Aït Amara – Le pays va à la dérive à vue d’œil. Le peuple veut le changement et vite. Les décideurs disent l’écouter mais lui demandent de patienter car la situation est complexe. Dans le même temps, la justice met les bouchées doubles pour répondre à la première revendication des citoyens : une lutte sans merci contre la prévarication et la corruption.
Sur ces entrefaites, des arrestations sont ordonnées par les magistrats qui se sont penchés sur les dossiers lourds hérités du régime Bouteflika, tandis que la rue gronde et rejette l’Etat dans la forme et dans le fond. La réaction violente des habitants de la Basse-Casbah, hier, suite à la mort de cinq membres d’une même famille dans l’effondrement du toit de leur logement vétuste est un signe qui ne trompe pas. Au rythme où vont les choses, le caractère pacifique des marches qui ont commencé le 22 février dernier laissera place, petit à petit, à des affrontements auxquels incitent des pyromanes qui cherchent à entraîner le pays dans une voie sans issue.
La multiplication des fausses informations distillées sur les réseaux sociaux avec de faux documents à l’appui – telle que la prétendue liste des Algériens détenant des comptes dans des banques helvétiques alors que certaines parmi les personnes citées n’ont jamais mis les pieds en Suisse –, le lynchage de Soltani à Paris, le retour des extrémistes du FIS qui ont surfé sur la douleur des familles des victimes du drame de la Casbah pour haranguer une foule en furie et les incitations à la haine via certaines chaînes de télévision privées qui s’éloignent de plus en plus de l’éthique journalistique sont symptomatiques d’un chaos programmé.
Certains parlent de contrerévolution en marche, d’autres évoquent la main étrangère qui veut placer ses pions dans le prochain «système», d’autres encore mettent en garde contre un prolongement de la crise qui, si elle n’est pas résorbée dans des délais raisonnables, aura des conséquences dramatiques sur la sécurité et la stabilité du pays.
La guerre déclenchée contre les symboles de la prédation n’aura pas l’effet escompté si les figures de proue qui incarnent le régime politique de Bouteflika ne disparaissent pas du champ de vision des Algériens au plus tôt. Ce sont ces deux actions jumelées qui éviteront au pays de sombrer dans une chasse aux sorcières qui fera s’effondrer l’Etat de droit avant même que son socle émerge du sol.
M. A.-A.
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