L’autre finale
Par Saïd N. – L’annonce en grande pompe du déploiement d’un impressionnant dispositif de sécurité à Paris, en prévision de la finale de la Coupe d’Afrique entre l’Algérie et le Sénégal, qui se joue ce vendredi, trahit un sentiment d’animosité désormais assumé par les pouvoirs publics vis-à-vis des Algériens dans leur ensemble.
Les autorités françaises, qu’on s’entende bien, ont le droit de prendre les mesures qu’elles estiment nécessaires pour parer à d’éventuels dérapages et éviter les dégâts occasionnés par les débordements de samedi dernier, lors de la célébration de la qualification des Verts en demi-finales de la CAN. Mais elles auraient pu le faire sans ce tapage médiatique, ni cette volonté de diaboliser et stigmatiser potentiellement l’ensemble des supporters de l’équipe nationale algérienne et, partant, de tous les Algériens de France.
Alors que tout le monde sait, et certains commentateurs parisiens l’avaient rappelé avec force, qu’il ne fallait pas faire d’amalgame et qu’il ne fallait pas condamner toute une communauté pour ce qu’avaient commis quelques «dégénérés», dont certains, à l’image du chauffard de Montpellier, n’étaient pas d’origine algérienne. Tout le monde sait aussi, à commencer par le ministère de l’Intérieur français, que les débordements sont inévitables dans n’importe quel mouvement de foule.
Il est clair que cet alarmisme n’aidera pas les Français à trouver les solutions aux problèmes que vient de rappeler cette nouvelle explosion des Algériens de France – dont on oublie que c’est, à l’origine, une explosion de joie. Au contraire, cela ne fera que creuser le fossé déjà béant entre cette communauté exclue et la société française, à l’heure où le pouvoir politique français peine à faire face à d’inextricables conflits sociaux, et son influence dans les régions arabe et africaine est de plus en plus contestée.
S. N.
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