Essebsi évacué d’urgence à l’hôpital : le syndrome algérien effraie les Tunisiens
Par Saïd N. – Le président tunisien, Béji Caïd-Essebsi, a été de nouveau évacué d’urgence, dans la nuit de mercredi, à l’hôpital militaire de Tunis suite à un malaise. C’est la deuxième fois qu’il est hospitalisé en moins d’un mois.
A quelques mois des élections législatives, la dégradation de l’état de santé du chef de l’Etat (92 ans) fausse tous les calculs de la classe dirigeante tunisienne qui craint désormais qu’un «vide constitutionnel» vienne se greffer à une grave crise politique qui déchire depuis plusieurs mois les principaux partis au pouvoir, Nida Tounes et Tahya Tounes, qui doivent croiser le fer contre une opposition conduite par le mouvement Ennahdha de Rached Ghanouchi, décidé à reconquérir le pouvoir. Signe de cette détermination : le leader islamiste a, contre toute attente, décidé de se porter lui-même candidat sur une liste de son parti aux prochaines élections parlementaires.
Comme objectif immédiat, Ghanouchi vise le poste de président du Parlement qui pourra le propulser ultérieurement à la magistrature suprême. Ce qui conforte la thèse selon laquelle son retrait et celui de son mouvement ces dernières années n’étaient qu’une tactique politique pour rebondir au moment voulu. La déliquescence institutionnelle dont souffre aujourd’hui la Tunisie, aggravée par une crise économique endémique, semble être l’occasion propice pour les islamistes de revenir aux affaires, avec de nouveaux appuis et une plus grande expérience en matière de gestion.
Le chef du mouvement Ennahdha avait défrayé la chronique, au lendemain de la première hospitalisation de Béji Caïd-Essebsi, à la mi-juin, en mettant en garde contre l’existence d’un complot étranger visant à semer la panique et la paralysie en Tunisie, n’excluant pas l’hypothèse, avancée par certains, que Caïd-Essebsi ait pu être, comme Yasser Arafat ou Houari Boumediene, empoisonné.
S. N.
Comment (30)