Le temps presse
Par Kamel M. – Cela fait plus de cinq mois que le pays est figé. Les millions de citoyens qui manifestent chaque mardi et vendredi pour pousser l’ancien régime vers la porte de sortie n’ont pas réussi à concrétiser leur revendication principale. Les tenants du pouvoir atermoient sous de nombreux prétextes et, entre temps, le pays s’enlise dans une crise politique inédite et périlleuse.
Tous les indicateurs sont dans le rouge, au premier rang desquels celui de l’économie nationale dont les premiers signes d’étranglement commencent à se faire ressentir. La machine est grippée et l’absence de perspectives à court terme ne fait que décourager les investisseurs et les industriels qui craignent d’être happés par la machine judiciaire déclenchée contre les hommes d’affaires proches de l’ancien cercle présidentiel.
Qui est coupable et qui ne l’est pas dans cette affaire d’indus avantages accordés par les ministres de Bouteflika ? Les chefs d’entreprises aujourd’hui jugés ont-ils profité des largesses du clan présidentiel durant vingt longues années à l’insu des services de sécurité, de la justice et des différentes institutions en charge de la lutte contre la corruption ? Il est difficile de croire qu’un tel phénomène, dont tout le monde dénonçait les proportions inimaginables sous le règne de Bouteflika, ait échappé à la vigilance de tous ceux qui, hier, fermaient les yeux sur ce pillage caractérisé des richesses du pays.
Pendant que les regards étaient braqués sur le tribunal de Sidi M’hamed et la prison d’El-Harrach, les manœuvres politiques allaient bon train et les citoyens étaient détournés de leur but essentiel, à savoir l’éradication du système qui a mené le pays à sa ruine. Aujourd’hui, les millions d’Algériens qui battent le pavé pour faire que cette exigence soit enfin réalisée ont compris que le temps joue en faveur du pouvoir et que toutes les initiatives prises par celui-ci ne sont qu’une tentative de «piéger» le hirak.
Le temps presse et la situation ne fera que s’aggraver si l’application des articles 7 et 8 de la Constitution ne se faisait pas dans les jours ou les semaines à venir. Le peuple a organisé son propre référendum et a déjà choisi les personnalités qui peuvent conduire une très courte période de transition pour organiser au plus tôt la présidentielle qui offrira à l’Algérie son second chef d’Etat démocratiquement élu après Liamine Zeroual en 1995.
K. M.
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