Alger aux Algériens !
Par Karim B. – Gaïd-Salah a décrété Alger ville inaccessible aux Algériens habitant en dehors de la capitale. Violant encore une fois une Constitution piétinée par le régime depuis vingt ans, le chef d’état-major de l’armée a recréé une sorte de «zone autonome» dans un contexte complètement différent, antinational, coupée du reste du pays et fermée le vendredi.
Un vrai mur de Berlin a été érigé à l’entrée de la médina de Sidi Abderrahmane où les slogans fustigeant le régime dictatorial abominable que Gaïd-Salah est en train d’instaurer fusent tous les mardis et tous les vendredis jusqu’à atteindre les pays les plus lointains.
Les marches du vendredi enquiquinent le dictateur en herbe qui peine à éteindre le feu de la colère dont il espérait qu’il allait s’amenuiser, croyant à tort que la chaleur suffocante de l’été et le vide créé par la saison estivale allaient faire éloigner le vent de la révolte de son piédestal vacillant duquel il ne tardera pas à tomber.
Plus déterminés que jamais, des millions de citoyens ont décidé de gagner la cité interdite à pied, bravant les barrages dressés par la gendarmerie et la police, deux corps constitués républicains régentés par Gaïd-Salah pour se maintenir au pouvoir et sauvegarder le système Bouteflika dont il est le parrain et le légataire.
Les Algériens redoublent d’ingéniosité à chaque fois que les usurpateurs du pouvoir, paniqués, affolés, angoissés, agités, horrifiés par leur fin proche s’enfoncent dans l’inintelligence et la frivolité politique. Des jeunes ont gagné la capitale par ses rivages, ce même chemin périlleux que, d’habitude, cette frange dégoutée par 57 ans de gouvernance immobiliste et fossilisée, emprunte pour tenter de vivre sous des cieux où les gens vivent normalement, sans avoir à traîner le boulet de dirigeants inamovibles, vieux jeu, ringards, passés de mode, agrippés maladivement au passé comme une sangsue s’accroche à un corps dont elle se nourrit insatiablement en le vidant de son essence.
Alger sera encore plus remplie aujourd’hui que les vendredis passés et les voix des millions de manifestants s’élèveront dans le ciel à travers toutes les villes du pays pour dire encore et encore à Gaïd-Salah et sa clique : dégagez !
K. B.
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