La députée Salima Ghezali démissionne de l’APN
Par Mounir Serraï – La députée Salima Ghezali annonce sa démission de l’Assemblée populaire nationale (APN). Elue sur la liste FFS d’Alger lors des législatives de 2017, cette députée lie sa démission au mouvement populaire national pacifique qui dure depuis sept mois et qui vise le changement du système politique. Dans sa lettre de démission, elle explique pourquoi elle n’a pas démissionné lorsque le peuple est sorti massivement dans la rue le 22 février.
«Je n’ai pas démissionné de l’APN quand le peuple est sorti massivement, dans un mouvement national et pacifique, pour s’opposer à un odieux cinquième mandat et réclamer le départ d’un système autoritaire et corrompu, parce que je me suis laissé convaincre qu’à une demande collective aussi forte il fallait une réponse institutionnelle qui offrirait une alternative ordonnée et forte», affirme-t-elle d’emblée.
«Djeïch chaâb khawa khawa !» scandé par le peuple sur l’ensemble du territoire national offrait une occasion en or de sortie de crise à une ANP dont le bilan de la décennie 1990 pèse encore douloureusement sur les équilibres précaires d’une conscience nationale meurtrie par l’arbitraire et les violences, aggravés par les outrances des années Bouteflika», poursuit Salima Ghezali qui regrette qu’«après un premier geste d’accompagnement du peuple par la démission forcée du Président et un engagement à bannir la violence, le commandement de l’ANP s’est vite révélé atteint des mêmes limites que la classe politique : absence de vision stratégique alternative pour le pays réel».
«Doublé d’une gestion aléatoire des mêmes pulsions suicidaires qui ont conduit à l’effondrement des Etats dans notre environnement le plus proche», soutient-elle, estimant que «sept mois après le début du Hirak, aucune offre politique institutionnelle n’est à la mesure des défis à relever : la sagesse se résume à l’inertie, et l’audace reconduit les mêmes alignements inconditionnels. Tout l’édifice institutionnel avec son gouvernement, sa représentation politique et son système partisan, son administration et ses médias se sont révélés réfractaires au changement.»
«La situation actuelle du pays, partagé entre partisans et adversaires du scrutin présidentiel, ne fait que jeter, dans les tribunaux et dans la rue, un conflit généré par et autour du pouvoir, que ce dernier refuse de régler au sein de ses arcanes, préférant, à son habitude, en faire supporter le poids et les retombées désastreuses sur l’Etat et le peuple, tout en gardant le monopole de la décision», ajoute Salima Ghezali qui dénonce ainsi «la culture arrogante et irresponsable du pouvoir».
M. S.
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