Le député RCD Yassine Aissiouane démissionne de l’APN
Par Mounir Serraï – Le député RCD Yassine Aissiouane annonce sa démission de l’Assemblée populaire nationale (APN), sept mois après le début du Hirak. Aissiouane justifie cette démission tardive par «la discipline partisane», en ce sens que le parti auquel il appartient n’a pas décidé, comme l’ont fait d’autres formations, de se retirer de cette Assemblée décriée en pleine révolution.
«J’ai décidé de reprendre ma liberté de citoyen en démissionnant de l’APN. J’en appelle à la conscience de mes camarades de l’opposition démocratique pour faire de même et être au diapason des revendications de notre peuple. Dans ce sillage, nous ne ménagerons aucun effort dans le but d’ouvrir de nouvelles perspectives avec toutes les forces vives qui souscrivent aux fondamentaux démocratiques qu’appelle la construction de l’Algérie nouvelle», affirme-t-il dans une déclaration rendue publique aujourd’hui.
«Nous avions dit que nous allions au Parlement pour exploiter la fonction tribunitienne qu’il nous offrait. Aujourd’hui, nous pouvons estimer que la mission est accomplie. Y demeurer ne peut être assimilé qu’à une compromission. Si nous avons hésité à le faire par discipline militante et tant que la décision ne nous appartenait pas personnellement, nous n’avons cessé d’alerter sur la nécessité de quitter l’Assemblée au lendemain de nos dernières interventions qui ont marqué l’opinion au déclenchement de la révolution», explique-t-il. Maintenant que les statuts du parti sont violés par le premier responsable qui est censé veiller à leur application, que des suspensions arbitraires, sans aucun motif, sont prononcées à l’encontre du plus jeune maire RCD de la wilaya de Tizi Ouzou, Ahmed Haddadi, et des cadres du parti, qu’il manœuvre pour lever la couverture politique au maire de Bouzeguene, qui a courageusement rejeté les élections du 12 décembre 2019 à travers un courrier officiel signifié aux juges, il est temps de mettre un terme à cette situation. La discipline et la responsabilité ont des limites», poursuit-il.
Pour ce député de Tizi Ouzou, en rupture de ban avec le RCD, «la révolution actuelle est l’œuvre du peuple. Aucune structure politique, aucune organisation, aucune association ou collectif ne peut revendiquer sa paternité. Elle est le fruit de l’audace et du génie algériens. C’est une révolution citoyenne porteuse d’espoir. Elle s’accomplira par une transition démocratique en dehors et contre le système en place», assure-t-il.
Ce député plaide pour la primauté du civil sur le militaire car, estime-t-il, «l’Algérie ne peut en aucun cas être une caserne et il est important, voire indispensable, de saisir le sens de l’Histoire».
«La solution ne peut venir du cadre institutionnel actuel. Sans légitimité constitutionnelle, ni populaire, les institutions existantes sont dépassées par les évènements. Il faut opérer une véritable remise à plat de toute la sphère politique algérienne», affirme-t-il.
M. S.
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