Mohamed Harbi : «Nous assistons à la mise en place d’un pouvoir dictatorial»
Par Mohamed K. – L’historien et ancien membre du Mouvement national Mohamed Harbi estime que le «Mouvement citoyen algérien est une réaction venue d’en bas contre la dépossession et l’oppression». Et d’ajouter : «Quelles que soient ses limites, il est aujourd’hui le porteur de nos espoirs.»
Dans une déclaration diffusée à la veille du 65e anniversaire du déclenchement de la Révolution du 1er Novembre 1954, Harbi fait un rappel de l’évolution du Mouvement national et des dérives qui ont donné naissance, à partir de 1962, à un régime antidémocratique. «Les hommes qui ont pris le pouvoir en 1962, écrit-il, qu’ils viennent du maquis ou de l’armée des frontières, ont enfermé la résistance de tout le peuple algérien dans un paradigme, celui de la lutte armée.»
Selon son analyse, «l’événement du 1er Novembre, défini hier comme étant l’an 1 d’une révolution, un événement fondateur, peut nous apparaître aujourd’hui comme le prélude d’un régime militaire». Harbi juge que cette option prise à l’indépendance du pays a donné lieu à la négation du conflit social, comme instrument de régulation de la vie politique, à la négation de la diversité sociale et culturelle et à la trahison des promesses démocratiques, «en un mot, la mort du politique et l’absence d’une société civile».
L’historien accuse le régime militaire de s’être «approprié la souveraineté sur le pays et sur ses ressources». Il pense que nous assistons aujourd’hui à la mise en place d’un pouvoir dictatorial mené par le commandement de l’armée, alors que «l’ordre dans l’armée, c’est la discipline, le respect des règles disciplinaires et, bien sûr, l’absence de prise de position et d’engagements politiques».
Enfin, et toujours pour attester du lien historique entre le Mouvement populaire d’aujourd’hui et le Mouvement national, Mohamed Harbi trouve que «les revendications démocratiques énoncées en juin 1936, au stade municipal d’Alger au nom de l’Etoile nord-africaine par Messali, approuvées par acclamation par l’assistance, face aux leaders du Congrès musulman partisans du rattachement à la France (Ben Djelloul, Ben Badis, Ferhat Abbas, Dr Saâdane, Ouzeggane, Cheikh El-Okbi), sont toujours d’actualité».
M. K.
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