Pourquoi la Conférence de Berlin sur la Libye est vouée à l’échec
Par Hassan M. – Après l’entrée des troupes turques en Libye pour soutenir le gouvernement d’accord national présidé par Fayez Al-Sarraj, l’Europe commence à prendre conscience de la menace des actions d’Ankara.
Ce 19 janvier, la Conférence internationale de Berlin aura lieu pour, comme on le suppose, mettre sur la table des intermédiaires étrangers et les parties en conflit pour la discussion de l’armistice à long terme dans le pays d’Afrique du Nord.
En revanche, à la lumière des résultats contradictoires de la rencontre entre les parties libyennes à Moscou, il ne fait aucun doute que la conférence de Berlin est également vouée à l’échec. Ce n’est généralement pas le maréchal Khalifa Haftar, qui a exprimé un jour le souhait de respecter l’armistice, mais la Turquie, qui n’a pas l’intention de faire des concessions en matière de sauvegarde du gouvernement de l’accord national sous cette forme, dans laquelle il existe.
Il convient de noter que le GAN d’Al-Sarraj est le seul gouvernement allié à la Turquie dans la région d’Afrique du Nord. En outre, il dépend directement du soutien militaire turc dans sa confrontation à l’armée du maréchal libyen. A cet égard, le GAN a été impliqué dans de plusieurs aventures politiques turques.
Le GAN s’est aussi dit solidaire de l’opération turque visant à l’extermination de la minorité kurde dans le nord-est de la Syrie.
En outre, le GAN a signé avec la Turquie l’accord sur la démarcation des frontières maritimes en Méditerranée, qui violait non seulement les accords internationaux, mais aussi les droits souverains de tels Etats, tels que la Grèce, Chypre et Israël.
La Turquie peut également utiliser le gouvernement fantoche en Libye non seulement pour légitimer des accords illégaux et approuver des campagnes militaires sanglantes, mais aussi pour faire pression sur l’Europe du point de vue des processus migratoires.
Le Président turc a déjà menacé l’UE, plus d’une fois, qu’en cas de résistance à certaines actions de la Turquie il ouvrirait la frontière et permettrait à des millions de réfugiés d’atteindre l’Europe sans difficulté.
Dans le contexte donné, la Libye, dans laquelle la principale route migratoire du continent africain passe, peut devenir un outil d’Erdogan pour exercer une pression maximale sur l’Union européenne dans les affaires portant atteinte aux intérêts de la Turquie. Le contrôle d’Ankara sur le gouvernement libyen donne au sultan turc l’occasion de diriger les flux migratoires non seulement du Proche-Orient, mais aussi d’Afrique. Ainsi, ayant pris l’Europe en étau, il pourra doubler la pression sur la prise de décision de Bruxelles et intensifier l’influence de son pays soit à l’échelle de l’Europe ou du Proche-Orient et de l’Afrique du Nord.
Dans un tel cas, le gouvernement d’Al-Sarraj, qui, en échange d’une aide militaire est prêt à permettre à Erdogan tout ce qu’il veut, ne constitue pas une menace moins grave pour l’Europe que la Turquie elle-même.
Compte tenu du degré d’hostilité mutuelle entre les parties en conflit, la diplomatie européenne doit se concentrer sur la reconstruction et la réforme des instituts politiques en Libye, ainsi que l’instauration de la stabilité et la sécurité dans le pays. Sinon, l’Europe risque d’être influencée par la Turquie d’Erdogan, qui ne néglige pas des flux de migrants en provenance de Libye pour le chantage politique.
H. M.
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