Mosquée de Paris : vers la destitution de Hafiz et la réintronisation de Boubakeur
Par Abdelkader S. – Tout n’est pas encore joué à la Grande Mosquée de Paris où la désignation de Chems-Eddine Hafiz continue de susciter des remous. Son prédécesseur, Dalil Boubakeur, a fait part à plusieurs membres de la Société des Habous de son profond regret d’avoir cédé à la pression et accepté de démissionner dans la précipitation. Or, il y a de fortes chances que l’ancien recteur reprenne ses fonctions et que la nomination de son successeur soit tout bonnement annulée, a appris Algeriepatriotique de plusieurs sources concordantes.
Les membres de la Société des Habous, administratrice de ce lieu de culte, reprochent à Chems-Eddine Hafiz, outre son élection irrégulière, l’intrusion de personnes étrangères dans la gestion de la Grande Mosquée de Paris. Ces membres s’étonnent de l’écho démesuré qui a été assuré à sa charte en vingt points par le magazine L’Express et, plus grave, de sa publication sur le site du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), connu pour sa défense zélée d’Israël et de son lobbysme pro-sioniste. Cette diffusion par l’organisation dirigée par Francis Kalifat a coïncidé avec la visite de Nicolas Sarkozy au nouveau recteur quelques semaines à peine après sa prise de fonctions suite à ce que d’aucuns qualifient de «putsch». Selon Mondafrique, l’ancien Président français était en mission de «sauvetage» du «soldat Hafiz».
Mais les membres de la Société des Habous ne comptent pas se limiter à la dénonciation du coup de force du 11 janvier dernier. On apprend, en effet, que la justice sera «imminemment» saisie pour rétablir la légalité. D’abord, en raison des conditions contestées dans lesquelles s’est déroulée la succession, la démission de Dalil Boubakeur et l’élection de son successeur n’ayant pas été inscrite à l’ordre du jour de l’Assemblée générale ordinaire à laquelle avaient été conviés les membres de l’instance dirigeante de l’institution cultuelle fondée en 1926. Ensuite, au regard de la fonction de président de la Fédération nationale de la Grande Mosquée de Paris que continue d’assurer Dalil Boubakeur à ce jour, faisant que le nouveau recteur peut être destitué à n’importe quel moment.
Algeriepatriotique a appris, par ailleurs, selon des sources informées à Alger, que Chems-Eddine Hafiz n’a pas été reçu par le président Tebboune mais par le secrétaire général de la présidence de la République et que le directeur de l’administration générale, le très controversé Mohamed Ouanoughi, a été sévèrement recadré par les autorités sur place pour avoir instigué le coup d’Etat et hâté le changement à la tête de la Grande Mosquée de Paris, prenant ainsi de court l’Algérie qui assure un financement à hauteur de deux millions d’euros par an.
Tout peut basculer dans les jours et les semaines à venir et la question de l’annulation de l’élection extralégale de Chems-Eddine Hafiz demeure posée.
A. S.
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