Sous pression
Par Mrizek Sahraoui – L’Europe est de nouveau sous pression. Elle doit faire face à la menace de voir affluer sur son territoire une nouvelle vague de réfugiés en provenance de Turquie où se trouvent plus de 3,6 millions de Syriens. Cette menace, signée Recep Tayyip Erdogan, intervient dans un contexte de montée fulgurante du nationalisme et au moment où l’extrême droite est au seuil du pouvoir dans de nombreux pays membres de l’Union.
Erdogan a décidé de faciliter le passage vers l’Europe en signe de représailles contre les raids aériens de l’armée syrienne qui ont fait 33 morts côté turc, selon Ankara. La décision de ne plus empêcher les migrants syriens, irakiens et iraniens de franchir la frontière avec la Grèce est prise par les autorités turques au terme d’un conseil de sécurité extraordinaire, tenu dans la nuit de jeudi à vendredi.
Ce n’est pas la première fois que le Président turc procède de la sorte. Ce n’est pas non plus par hasard que celui-ci multiplie les provocations et agite cyniquement le spectre d’une nouvelle vague migratoire, rappelant en filigrane le traumatisme de 2015, quand l’Europe avait accueilli plus d’un million de réfugiés. Une déferlante qui avait permis à Erdogan de monnayer chèrement [6 milliards d’euros] le contrôle du flot de migrants, et, surtout, suscité à l’époque dans les pays touchés, notamment l’Allemagne, une grande indignation des partis d’extrême droite européens, dénonçant alors vigoureusement le laxisme des autorités européennes à l’égard de la Turquie dont l’adhésion à l’UE demeure au point mort depuis 2007.
A la signature des différents traités et autres conventions instituant l’espace Schengen, les pays membres qui les ont paraphés étaient à mille lieues d’imaginer les difficultés auxquelles se heurte l’Europe à présent. Le rêve de voir ce vaste territoire élevé, accord après accord, au rang de forteresse imprenable s’est fracassé contre la réalité d’un monde en désordre qui met l’Europe pusillanime dans l’incapacité de tempérer les ardeurs belliqueuses d’un sultan insatiable et de plus en plus féodal, alors même que l’UE continue de verser des fonds très importants à la Turquie.
M. S.
Comment (10)