Hospitalisation polémique du général Ghris : un silence officiel troublant
Par Abdelkader S. – Pendant que les réseaux sociaux s’emparent de l’affaire de l’hospitalisation en catimini du secrétaire général du ministère de la Défense nationale à l’étranger pour, dit-on, un banal problème de prostate, les institutions officielles, civiles et militaires, se murent dans un silence de cathédrale. Prenant sans doute l’affaire à la légère, les instances officielles laissent libre cours à des informations contradictoires qui alimentent la polémique et achèvent de briser la confiance entre les citoyens et les nouveaux dirigeants qui jurent vouloir tourner la page du régime Bouteflika et ses réflexes archaïques.
Tout est parti d’une information postée sur un site algérien puis d’un article paru dans un grand journal suisse selon lequel le général Abdelhamid Ghris aurait été prié de quitter l’hôpital genevois dans lequel il aurait subi une intervention chirurgicale avant de demander une prolongation de son séjour, rejetée par la direction de l’établissement hospitalier. Cette information a enflammé la Toile et provoqué une double frustration chez les internautes, déçus d’apprendre que le haut gradé s’est fait soigner dans le même hôpital que l’ex-président déchu Abdelaziz Bouteflika et que les autorités sanitaires helvétiques ont viré le généralissime comme un loquedu.
Hier, le journaliste exilé à Londres Saïd Bensedira a donné une version tout à fait différente, en affirmant que le général Abdelhamid Ghris ne s’est pas fait opérer à Genève mais à Paris et que, contrairement à ce qui a été dit ici et là, non seulement il n’a pas été sommé de quitter l’hôpital pour libérer la place aux malades atteints du coronavirus, mais ce serait lui qui aurait contrarié les recommandations de son médecin en voulant suivre sa convalescence en Algérie.
Au milieu de cette cacophonie, les deux porte-parole, l’un de la Présidence, l’autre du gouvernement, les deux journalistes de métier brillent par leur absence, non seulement par rapport à cette affaire qui fait couler beaucoup d’encre, mais également en ce qui concerne les nombreuses questions qui préoccupent l’opinion publique au plus point. Une opinion publique qui ne sait plus comment se comporter face à l’épidémie du Covid-19 et qui sont ballottés entre les déclarations officielles brouillonnes et absconses et les arguties des charlatans qui foisonnent dans les médias lourds.
A. S.
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