Le message chiffré d’Alger à Rabat : «Rappelez le consul ou on l’expulsera !»
Par Karim B. – Lu en filigrane, le message enveloppé dans une périphrase diplomatique du ministère des Affaires étrangères aux autorités marocaines est on ne peut plus clair. En affirmant que les propos tenus par le consul général du Maroc à Oran représentaient une «grave atteinte aux us et coutumes diplomatiques», qu’ils «ne peuvent en aucun cas être acceptés» et que cela «dicte aux autorités marocaines de prendre les mesures adéquates pour éviter toutes les conséquences qui pourraient découler de cet incident sur les relations bilatérales entre les deux pays», la mise en garde ne souffre aucune ambiguïté.
Dit autrement, le ministre des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum, signifie à son homologue marocain qu’il doit impérativement rappeler le consul général du Maroc à Oran sinon l’Algérie devra procéder à son expulsion manu militari. Une expulsion souhaitée par le plus grand nombre au vu de l’attitude hostile du représentant marocain qui a traité l’Algérie de «pays ennemi». Selon des sources proches du dossier à Alger, le Maroc a encore une fois fait preuve de mauvaise foi en affirmant que la vidéo qui a suscité une large vague d’indignation en Algérie ne peut en aucun cas être un montage comme le Makhzen tente de le faire croire en se mettant, comme à son habitude, dans la peau de la victime.
Pour cette source, «le ton utilisé dans le communiqué du ministère des Affaires étrangères paraît pondéré et prudent en apparence, mais, en réalité, l’avertissement est évident». «L’écart du représentant marocain est une provocation de trop qui intervient après de nombreuses autres déclarations inamicales et malveillantes émanant de Rabat, la dernière en date étant celle du ministre marocain des Affaires étrangères lors du dernier Sommet des Non-Alignés», souligne notre source qui précise que «la position immuable de l’Algérie vis-à-vis de la cause sahraouie n’a pas encore été digérée par le Makhzen qui escomptait un hypothétique revirement avec le changement opéré à la tête du pays et de l’armée».
Nouvelle passe d’armes donc entre l’Algérie et le Maroc, en attendant le prochain discours de Mohammed VI à l’occasion de la fête du trône dans lequel il fera l’impression d’un disque rayé en répétant qu’il «tend une main amicale» au voisin de l’Est pour «aplanir les différends» qui «ne sauraient séparer les deux pays frères».
K. M.
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