La France et le Hirak
Par Tarek B. – Deux chaînes de télévision publiques françaises viennent de se rappeler au souvenir du peuple algérien en diffusant, simultanément hier soir, des émissions consacrées au Hirak en Algérie.
Cette sollicitude intéressée n’a rien de spontané. Sur la forme, tout d’abord, le timing – au sortir du mois sacré de Ramadhan et au tout début de la période de déconfinement – intrigue forcément. Le choix des invités, le contenu orienté à force de questions dirigées de la part des animateurs de ces deux émissions, tout cela nous commande de nous interroger sur les motivations réelles de ceux qui se disent être «inspirés» par le Hirak algérien – l’originel, celui qui est béni puisque drainant les aspirations fortes et légitimes du peuple algérien ou le néo-Hirak, parasité par ceux qui se réunissent régulièrement à Paris ?
En fait, une seule question s’impose : veut-on rallumer la mèche des manifestations pour précipiter notre pays dans le chaos en jouant dangereusement sur les clivages politiques, «ethniques» et sociétaux ? Cette question est loin d’être ingénue et elle trouve sa validation dans les analyses préfabriquées concoctées de l’autre côté de la Méditerranée.
En effet, pour l’observateur avisé, il suffit de parcourir les nombreuses dépêches que l’agence de presse officielle française consacre à l’actualité de notre pays pour se convaincre que l’objectivité n’est pas de mise. La grille de lecture, sciemment distordue et principalement à charge dans son dénigrement systématique de l’Algérie, que l’on retrouve au gré des émissions de télévision et de radio (France24, RFI, TV5…), renseigne sur l’état d’esprit des institutionnels français, visiblement très agacés par les prises de position, à forte charge patriotique, du nouveau leadership algérien.
L’aggiornamento de la doctrine militaire algérienne (dont les prémisses sont contenues en germe dans le projet de la nouvelle Constitution) et sa future capacité de projection potentielle dans une zone où les appétits hexagonaux sont voraces ne sont pas étrangers, non plus, à cette crispation patente de l’establishment parisien.
L’ère de l’Algérie, telle un Gulliver entravé, et souvent caricaturée en géant qui a peur de son ombre, sera bientôt révolue et cela, bien entendu, n’enchante guère tous ceux dont l’agenda géopolitique unique est de faire perdurer une posture hégémonique sur une zone dite «d’influence».
Après la convocation de l’ambassadeur de France, fin mars, suite aux propos mensongers tenus par le haineux Ghiles sur le plateau de la chaîne France24, la fameuse «indépendance rédactionnelle» invoquée rituellement et de manière très sélective par le Quai d’Orsay, telle une misérable feuille de vigne, ne suffira plus à ajourner une nécessaire et franche explication. Ceci sera salutaire pour la préservation des intérêts globaux bien compris des deux pays.
T. B.
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