Abdallah Zekri : «Il ne faut pas confondre communautarisme et projet communautaire !»
Par Kamel M. – Le délégué général du Conseil français du culte musulman (CFCM) a appelé les autorités françaises à ne pas confondre entre le communautarisme et le projet communautaire. S’exprimant sur les ondes de Radio Orient, Abdallah Zekri a estimé, en réponse à une question sur le projet de loi de lutte contre les séparatismes qui sera présenté au Conseil des ministres français à la prochaine rentrée, que les responsables du culte musulman en France souhaitaient «échanger» et avoir des explications «exactes» sur ce que le mot «séparatisme» signifie pour les responsables politiques français.
«S’il s’agit de lutter contre l’islam radical et la radicalisation, cela, nous l’avons toujours fait nous-mêmes ; nous n’avons pas attendu qu’on nous le demande, que ce soit le ministre de l’Intérieur, le Premier ministre ou le président de la République», a insisté le président de l’Observatoire contre l’islamophobie. «Il ne faut pas oublier que ceux (les djihadistes, ndlr) qui sont morts en Syrie, en Irak et ailleurs sont des jeunes Français de confession musulmane qui ont été trompés et qui ont cédé au chant des sirènes radicales», a-t-il souligné.
«Depuis très longtemps, dans nos mosquées, dans nos rencontres que nous avons avec les jeunes, nous mettons en garde contre ceux qui prônent la radicalisation», a encore affirmé Abdellah Zekri, en ajoutant, «pour rafraîchir la mémoire à certains racistes», que «c’est une minorité de Français de confession musulmane, dont une partie est convertie» qui est impliquée dans les actes terroristes. «Je voudrais rappeler qu’au Bataclan et à Nice, parmi les morts, il y avait de nombreux musulmans, y compris à Charlie Hebdo où le policier en faction était de confession musulmane.» «Nous aussi nous subissons les affres du terrorisme», a martelé Abdallah Zekri qui appelle à cesser de stigmatiser les musulmans dont l’écrasante majorité «respecte les lois françaises».
«Si on veut, justement, qu’il n’y ait pas de communautarisme et de séparatisme, il faudra prendre en considération les revendications des jeunes dans les banlieues qui souffrent du chômage et de beaucoup d’autres problèmes», a préconisé le délégué général du CFCM, selon lequel le communautarisme, qu’il dit rejeter, «crée la division au sein de la société». «Etre communautaire, ce n’est pas être communautariste. Il faut distinguer entre ces deux concepts et ne pas tomber dans le piège du Rassemblement national», a mis en garde Abdallah Zekri. «Le projet communautaire, contrairement au communautarisme, nous permet de construire des mosquées, des écoles, de nous organiser pour les fêtes du culte, etc.», a-t-il ajouté, en faisant remarquer, enfin, que «les projets communautaires n’existent pas uniquement chez les musulmans mais au sein de l’Eglise de France également».
K. M.
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