Pactole de l’Anep : qui les révélations de Larbi Ounoughi dérangent-elles ?
Par Nabil D. – Certains cercles ont violemment critiqué le directeur général de l’Agence nationale d’édition et de publicité (Anep) après les révélations qu’il a faites sur le détournement de l’argent des annonces par une mafia qui s’est servie de cette entité économique publique pour s’enrichir illégalement. Ces cercles n’ont pas digéré l’attaque frontale de Larbi Ounoughi qui a ciblé des pontes du système, au nombre de quarante, a-t-il précisé, qui ont usé de prête-noms pour créer des publications dans l’unique objectif de capter l’argent des encarts institutionnels. Une véritable machine à sous.
Le premier responsable de l’Anep a cité comme exemple les fils de l’ancien patron de l’armée, le général Gaïd-Salah, dont le journal régional édité à Annaba accaparait trois à quatre pages pleines par jour, une norme supérieure à la moyenne nationale. Ce détournement de la publicité institutionnelle, par abus de pouvoir et intimidation, a déjà été dénoncé par Algeriepatriotique en son temps, du vivant de l’ex-chef d’état-major, et le problème avait été soulevé par des Algériens honnêtes sans qu’aucun responsable politique, à l’époque, ait eu le courage de rappeler le généralissime à l’ordre, pas même l’ex-président Bouteflika.
Le coup ne peut donc venir que des résidus du clan mafieux de Gaïd-Salah, incarné par l’ancien directeur de la sécurité intérieure, le général ripoux incarcéré à la prison militaire de Blida, Wassini Bouazza, dont la camarilla est en cours de démantèlement par les services de sécurité (voir article par ailleurs). En effet, la rapine qui a été érigée en système avant même l’avènement de Bouteflika au pouvoir s’est poursuivie jusqu’à une période récente. La publicité étatique a commencé à faire saliver des pontes du régime lorsque l’Etat avait décidé d’imposer le monopole sur les annonces des institutions publiques, notamment les avis d’appel d’offres des collectivités locales, relevant du ministère de l’Intérieur. Des membres de la nomenklatura ont flairé le filon et amassé des milliards, en créant des journaux qui leur servaient de couverture à la rente publicitaire.
En quoi les révélations – connues par tous dans le milieu de la presse – faites par le directeur de l’Anep dérangent-elles ? Qu’a dit Larbi Ounoughi qui serait contraire aux intérêts de l’Etat ? Pourquoi ne devrait-il donc pas informer l’opinion publique que des cadres de l’entreprise sont entendus par la gendarmerie et par l’Inspection générale des finances ? Qui cherche à cacher les catastrophes qui vont être découvertes dans cet antre de la concussion et de la déprédation ?
«Il est malaisé de croire que le directeur d’une institution aussi sensible ait pris la décision de s’exprimer tout seul, sans avoir obtenu au préalable l’aval de ses supérieurs», indiquent des sources informées selon lesquelles «il est même fort probable qu’il ait reçu l’ordre de crever l’abcès via les médias en prévision des résultats de l’enquête qui seront vraisemblablement rendus publics incessamment».
La fin de la manne publicitaire de l’Anep signera-t-elle celle du trafic d’influence et de la loyauté des journaux en contrepartie de quelques espaces publicitaires qui ont transformé quelques propriétaires de titres insignifiants en véritables nababs ? C’est tout le mal que nous souhaitons à la corporation.
N. D.
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