Il appelle au «dialogue» avec la Kabylie : grave dérapage de Salah Goudjil
Par Mounir Serraï – Le président par intérim du Conseil de la nation, Salah Goudjil, et néanmoins deuxième personnage de l’Etat, a bien commis un impair en présentant la Kabylie comme une partie qui pose problème à l’Algérie. Dans son discours, prononcé ce mercredi lors de la cérémonie d’ouverture de la session parlementaire, Salah Goudjil affirme lancer «un appel à nos frères de la région de Tizi Ouzou et de certaines autres wilayas pour resserrer les rangs dans cette étape cruciale». «Je renouvelle cet appel pour que nous soyons tous dans la nouvelle République», poursuit-il.
Ainsi, par cette déclaration, le président par intérim du Sénat laisse entendre qu’il n’y a, aujourd’hui, de problème qu’avec la Kabylie. Sur les réseaux sociaux, beaucoup d’internautes ont commenté cette déclaration en se demandant pourquoi il a lancé un appel spécifique à cette région, sachant que la contestation n’est pas limitée aux wilayas de Tizi Ouzou, de Béjaïa et de Bouira. Il faut souligner que les deux wilayas de Tizi Ouzou et Béjaïa se sont distinguées par leur boycott massif de la présidentielle du 12 décembre 2019.
De nombreux internautes ont critiqué les propos du président par intérim du Sénat. Des propos jugés «inappropriés», «déplacés» et «tendancieux» en ce sens que Goudjil tente d’isoler la Kabylie du reste de l’Algérie. «Que veut-il dire ? Il n’y a qu’en Kabylie qu’on rejette le système ?» lance un internaute qui rappelle les accusations portées contre le Hirak durant l’année 2019. Des accusations selon lesquelles le mouvement populaire du 22 Février aurait été infiltré par le mouvement séparatiste de Kabylie (MAK), d’où d’ailleurs la décision d’interdiction du port du drapeau amazigh prise par l’ancien chef d’état-major de l’ANP.
«Pourquoi s’adresse-t-il à une région, alors que c’est tout le peuple qui est sorti protester à travers l’ensemble du territoire national ? Veut-il accréditer l’idée selon laquelle le régime n’est contesté que par les populations de cette région qui seraient manipulées, comme cela a été à dit maintes fois par des responsables qui affectionnent la théorie du complot», se demande un autre internaute. «Ils veulent encore nous diviser», écrit un autre qui trouve «vicieux l’appel lancé par ce vieux cacique du FLN». «Pourquoi appelle-t-il les gens de la Kabylie à rejoindre le front commun pour la cohésion et de la stabilité du pays. Par ses propos, il laisse planer le doute sur le patriotisme de toute une région en lui demandant de regagner le chemin qui mènera vers une Algérie nouvelle», affirme un autre internaute.
Salah Goudjil précise, par ailleurs, que l’Algérie demeure fidèle à ses principes en refusant de s’immiscer dans les affaires intérieures d’autres pays et en n’acceptant aucune ingérence dans ses affaires intérieures. Salah Goudjil appelle indirectement ainsi les puissances régionales à laisser l’Algérie mener «tranquillement» ses réformes.
M. S.
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