Ce que dit un ancien ministre de Kadhafi de l’intervention de l’ANP hors d’Algérie
Par Houari A. – L’ancien ministre des Affaires étrangères a évoqué le changement de doctrine de l’armée algérienne, dans une tribune parue dans les colonnes d’Al-Sharq Al-Awsat et reprise par Al-Arabiya. Abordant la question du terrorisme islamiste dans la région du Sahel, Abdel Rahman Shalgam a affirmé que «le rôle de l’Algérie est d’une importance capitale, notamment après l’amendement introduit dans la nouvelle Constitution algérienne qui autorise l’armée à mener des actions militaires hors des frontières du pays».
«La coopération entre les Etats nord-africains et les pays de la zone subsaharienne est une question primordiale car les deux régions constituent un espace sécuritaire interdépendant et les groupes terroristes ciblent tout le monde», a ajouté Abdel Rahman Shalgam, selon lequel «le terrorisme ne cessera pas de se mouvoir, de se développer et de se reproduire en s’adaptant au lieu dans lequel il s’établit et au spectre social dans lequel il évolue». Pour l’ancien représentant de l’ex-Jamahiriya aux Nations unies, en effet, «la géographie revêt pour les groupes terroristes une importance particulière, outre la formation militaire, le financement et la tactique de l’action armée».
«Si en Afghanistan, Al-Qaïda avait pour bastion les grottes et les montagnes, Daech a son fief au cœur des villes et dans leurs alentours en Syrie et en Irak, avant que toutes les factions terroristes se rassemblent en Afrique subsaharienne avec de nouvelles formations militaires et doctrinaires, tout en gardant l’héritage des précédentes nébuleuses dont ils sont issus», fait remarquer l’ancien diplomate libyen, qui précise que «la nature du territoire ainsi que celle de ses habitants, peu nombreux et éparpillés, dessinent la cartographie des déplacements des groupes armés dans le Grand Sahara qui s’étend sur huit millions de kilomètres carrés».
Abdel Rahman Shalgam explique le fait que ces groupes terroristes continuent de recruter des éléments par la «fragilité des régimes politiques qui n’étendent pas leur pouvoir loin des capitales». «Les groupes terroristes ont jeté leur dévolu sur le Mali parce que ce pays partage des frontières avec huit Etats africains», indique encore l’ancien diplomate libyen qui met en avant également la nature tribale de la composante sociale dans la région, ce qui, selon lui, facilite et sécurise les mouvements de ces groupes armés, sans compter «l’héritage historique religieux qui exacerbe la ferveur chez un grand nombre de jeunes» qui prennent les armes.
«Le risque aujourd’hui est que le Grand Sahara se transforme en un fief terroriste ouvert qui s’étendrait des pays du Sahel à un grand nombre de pays arabes et africains où les groupes armés pourront se déplacer en toute liberté et revenir en force», s’inquiète Abdel Rahman Shalgam.
H. A.
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