Le ministre qui voulait «moins d’Arabes» en France va finir ses jours en prison
Par Houari A. – L’ancien ministre de l’Intérieur de Nicolas Sarkozy Brice Hortefeux a été mis en examen pour «financement illégal de campagne électorale» et «association de malfaiteurs» par les juges chargés de l’enquête sur le financement libyen de la campagne présidentielle du successeur de Jacques Chirac en 2007.
Celui qui affirmait qu’«avec les Arabes, quand il y en a un ça va, c’est quand il y en a beaucoup que ça pose des problèmes» avait déjà été cité dans cette affaire dont l’instruction a duré près de huit ans. En effet, en 2013, le site d’information français Mediapart, sur la foi d’un document en sa possession, révélait que le marchand d’armes Ziad Takieddine, organisateur en 2005 et 2007 des visites de Nicolas Sarkozy et de ses proches en Libye, avait mis en place, en 2007, les «modalités de financement» de la campagne présidentielle du candidat de l’UMP par Kadhafi, en lien avec Brice Hortefeux, alors ministre des Collectivités locales, et Seïf Al-Islam, fils du défunt dirigeant libyen.
Un montant de 50 millions d’euros, une banque suisse et un compte à Panama sont évoqués dans ce document. Au début de l’agression occidentale menée par l’Otan contre la Libye, Seïf Al-Islam avait carrément demandé à Sarkozy de rendre l’argent qui lui a été remis par Kadhafi. On disait que Kadhafi lui-même avait beaucoup de choses à faire connaître à l’opinion publique sur les cadeaux donnés à Sarkozy et à d’autres dirigeants occidentaux, et que c’est pour cela qu’il a été froidement exécuté alors qu’il avait été arrêté en vie.
Dans une interview à Algeriepatriotique en 2016, l’ancien ministre français d’origine algérienne Azouz Begag avait cité Brice Hortefeux parmi les personnalités politiques françaises racistes et xénophobes. «Je suis désolé de voir à quel point les Maghrébins de France, depuis quarante ans, se sont montrés incapables de s’organiser pour lutter contre le statut de boucs émissaires dont les politiques les ont dotés. Les Arabes se sont entendus pour ne jamais s’entendre, selon l’adage que tout le monde connaît. Eric Zemmour, Brice Hortefeux, Christian Estrosi, l’islamophobie grandissante partout… Et, en face, aucune réponse collective. Rien ! C’est malheureux. Peut-être que nos enfants auront plus de force pour réagir et revendiquer avec fierté leur appartenance identitaire», se désolait l’auteur du Gone du Chaâba.
H. A.
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