Un officier américain explique la guerre de 4e génération qui cible l’Algérie
Par Abdelkader S. – L’Américain Max G. Manwaring a expliqué, dans une conférence animée en Israël, en 2018, devant un parterre de généraux de l’Otan le concept de la sournoise guerre de quatrième génération qui cible l’Algérie de façon directe, en même temps que tous les pays inclus dans le plan de reconfiguration du Moyen-Orient et du Maghreb.
Le professeur retraité de stratégie militaire à l’Institut d’études stratégiques de l’US Army War College a expliqué que les anciennes méthodes de guerre classique «sont dépassées» et que le monde vit désormais la «quatrième génération» qui consiste à affaiblir les Etats de l’intérieur sans devoir recourir à l’envoi de troupes. «Le but n’est plus de détruire l’armée d’un pays donné ou de réduire ses capacités militaires, mais de l’anéantir doucement mais sûrement», a expliqué le professeur américain, l’objectif étant de «pousser l’ennemi à se plier à nos exigences», a-t-il ajouté.
La finalité de la guerre de quatrième génération consiste à déstabiliser le pays visé, a fait savoir le stratège militaire américain, en soulignant que «cette déstabilisation est exécutée lentement et calmement en utilisant les citoyens du pays ennemi pour créer un Etat impuissant de sorte que nous puissions le dominer». Pourquoi cette méthode doit-elle être inscrite à long terme et être menée à un rythme lent ? Max G. Manwaring répond : «Le chaos continu signifie le désordre progressif des villes et la transformation des citoyens en un cheptel égaré.»
L’ancien colonel de l’armée américaine précise qu’à travers cette guerre sournoise, «les capacités de l’Etat ciblé s’en trouvent paralysées» et ce dernier devient «incapable d’assurer les besoins essentiels de la population». «Cette incapacité à répondre à ces besoins essentiels est alors exploitée comme une forme de guerre de façon étudiée avec précision», a affirmé l’officier des services secrets américains à la retraite. Et d’ajouter à l’endroit de l’assistance : «Dans ce genre de guerres, vous verrez sans doute des enfants et des vieillards mourir, mais cela ne doit pas constituer une source de remords, nous devons aller de l’avant car il ne faut pas laisser les sentiments empêcher la réalisation de l’objectif.»
Max G. Manwaring insiste : «La stratégie de la guerre lente consiste à déplacer la guerre d’un lieu à un autre, d’un territoire à un autre, à user de toutes les capacités de l’Etat ennemi sur plusieurs étapes espacées dans le temps et à le pousser à se battre sur plusieurs fronts à la fois.» «Pour ce faire, il faut l’encercler par des exécutants locaux et œuvrer à provoquer une crise sur un front tout en calmant un autre, c’est-à-dire qu’il faut gérer la crise en permanence et non pas la résoudre pour éviter un effondrement rapide», a ajouté le conférencier, en expliquant qu’«une destruction accélérée épargnerait un grand nombre de fondements et d’institutions de l’Etat et de la société».
«Aussi la meilleure manière de réduire l’Etat ennemi à néant est l’usure continue, calme et constante, étalée sur des années et exécutée par des guerriers locaux qui seront qualifiés de violents et de dangereux par l’Etat ciblé», a encore dit le stratège américain âgé aujourd’hui de 88 ans. «Que des victimes innocentes tombent, cela ne doit pas [nous] dévier de [notre] objectif principal qui est la domination et l’affaiblissement de l’Etat ciblé», a-t-il répété, estimant que la société est l’élément essentiel dans cette guerre de quatrième génération pour aboutir à l’élimination totale de l’Etat.
Dans le cas algérien, les exécutants de ce conflit dissimulé sont connus. Ils appartiennent au courant islamiste et à l’Internationale socialiste. Ils agissent depuis les années 1990 à partir de l’étranger mais aussi de l’intérieur du pays et ont récupéré, comme en octobre 1988, le mouvement de contestation populaire du 22 février 2019 en le déviant de son but initial.
A. S.
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