Les trois conséquences fatales pour le Maroc de l’allégeance du roi à Israël
Par Karim B. – En s’immisçant, bien malgré lui, dans une guerre américano-américaine, Mohammed VI a mis le doigt dans un engrenage fatal. Autant le président vaincu Donald Trump a mis du zèle à «réconcilier» les Arabes, notamment le Maroc, avec Israël, en foulant aux pieds la légalité internationale, autant son successeur s’empressera de rétablir celle-ci en se conformant aux résolutions onusiennes relatives au dossier sahraoui. Ce que le Makhzen a voulu présenter comme une victoire diplomatique dans son conflit avec un Front Polisario plus déterminé que jamais à poursuivre le combat libérateur se révèle être un fiasco retentissant.
En effet, en acceptant de recevoir le baiser de Juda, Mohammed VI et ses conseillers auront perdu sur au moins quatre fronts. Le premier étant le fossé qui va se creuser entre le régime monarchique prédateur et le peuple marocain qui manifeste – certes timidement pour l’instant – sa désapprobation du pacte de la honte que le roi a fait signer au leader islamiste Saâd-Eddine El-Othmani qui, quatre mois à peine plutôt, jurait que le Maroc ne normaliserait jamais ses relations avec l’entité sioniste. Même si une révolte généralisée dans l’ensemble du royaume ne se dessine pas à l’horizon, le fait est que le mariage de Mohammed VI avec Netanyahou scelle son divorce d’avec des sujets majoritairement favorables à la cause palestinienne.
En prenant le train en marche conduit par l’Emirati Mohamed Ben Zayed, Mohammed VI a cru gagner une hypothétique souveraineté sur le Sahara Occidental sans se rendre compte qu’il se livrait pieds et poings liés à Israël, qui s’implantera durablement dans le pays et dictera ses «fatwas» au «descendant du Prophète Mohamed», comme il aime à le répéter. Le Maroc est donc définitivement placé sous le protectorat israélien, retournant ainsi en arrière de 64 ans, lorsque la France simulait une indépendance de cet appendice pour mieux s’occuper du récalcitrant voisin algérien. En signant l’acte de reddition, le Makhzen s’est mis la corde au cou.
Enfin, l’accord israélo-marocain ferme définitivement la frontière algérienne à l’ouverture de laquelle Mohammed VI n’a pourtant eu de cesse de faire des appels du pied à l’Algérie, décrite tantôt comme un «peuple frère», tantôt comme un «pays ennemi». Il n’y aucune chance que l’Algérie rouvre sa frontière avec le Maroc, maintenant que Rabat a décidé d’implanter la menace sioniste dans le Maghreb et de s’en servir comme un épouvantail contre Alger. Les manœuvres marocaines aux frontières algériennes étaient connues des Algériens bien avant l’annonce officielle de la normalisation par Donald Trump. L’armée algérienne sait que des avions espionnent le long de la frontière avec l’Algérie et que le Mossad est hyperactif chez nos voisins de l’Ouest dont la collaboration avec l’Etat hébreu remonte à plusieurs décennies, de l’aveu même d’anciens officiers des services des renseignements israéliens. Le paraphe du pacte avec Israël a rendu réel le mur jusque-là invisible qui se dresse entre les deux pays.
K. B.
Comment (15)