Belkecir a payé des barbouzes pour tuer un Algérien qui «en sait trop» sur lui
Par Kamel M. – C’est digne d’une fiction hollywoodienne. L’ancien commandant de la Gendarmerie nationale, poursuivi pour haute trahison, chantage et corruption, a payé des hommes de main pour «exécuter» un Algérien établi en France qui détient des dossiers compromettants le concernant et qui, donc, «en sait trop» sur lui. Les sources informées qui nous ont révélé cette information gravissime précisent que Ghali Belkecir, actuellement en fuite, est l’instigateur principal et la tête pensante du réseau, dont les membres sont en prison, qui a abusé de la fonction pour s’enrichir illicitement.
Comment le ripou Belkecir tirait les ficelles à partir de l’étranger ? Quand Ahmed Gaïd-Salah avait déchu l’ancien président, il s’était appuyé sur l’ancien patron de la Gendarmerie nationale qui avait mis [sa] Police judiciaire au service de l’ex-vice-ministre de la Défense, lequel avait fait suivre l’application de l’article 102 par une vague d’emprisonnements d’une ampleur jamais égalée en Algérie depuis l’indépendance. Ce qui apparaissait au début comme une opération «mains propres» s’est vite révélé être un règlement de comptes.
Dans cette guerre entre deux clans qui, quelques mois auparavant, saignaient le pays main dans la main, Ghali Belkecir jouera un rôle central et finira par se rendre compte de l’opportunité que sa position lui offrait pour amasser une fortune en dinars et en euros en un temps record. C’est ainsi qu’il transformera l’état-major de la gendarmerie en un lieu de brigandage et de déprédation, s’éloignant complètement des nobles missions échues à cette institution qui tire sa force de sa double casquette militaire et judiciaire.
Le boulimique Ghali Belkecir, dont l’épouse, ancienne juge à Tipasa, était une des pièces maîtresses dans le modus operandi qu’il avait mis en place pour extorquer de l’argent aux hommes d’affaires qui gravitaient autour du cercle présidentiel et accaparaient l’essentiel des marchés publics grâce à leur connivence avec le frère cadet de l’ancien président Bouteflika, a trouvé le filon en leur faisant du chantage.
D’aucuns se demandent pourquoi le patron de Sovac, Mourad Oulmi, dont la fortune à l’étranger lui permettait pourtant de «couler des jours heureux» loin des crocs du loup, est quand même rentré au pays pour finir en prison comme les grands noms de l’industrie rentière. Il s’avère que le richissime représentant des marques allemandes en Algérie avait reçu des garanties du même Belkecir de garder son dossier sous le coude et de ne pas le transmettre à la justice en contrepartie de grosses sommes d’argent en euros sonnants et trébuchants.
Mourad Oulmi n’est évidemment pas le seul à être tombé dans le panneau. D’autres hommes d’affaires véreux ont «casqué» au maître-chanteur dont on a fini par découvrir qu’il détient de nombreux biens à l’étranger, dont un appartement de haut standing dans le très cossu seizième arrondissement de Paris, le plus cher de la capitale, d’une valeur d’un million et demi d’euros.
Avec cette nouvelle affaire de tentative d’assassinat, on sait désormais jusqu’où ce requin sans foi ni loi peut aller en matière de crime, de trahison et de complot.
K. M.
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