Normalisation : Hicham Alaoui reproche au roi de ne pas avoir consulté le peuple
Par Mohamed K. – Hicham Alaoui, cousin du roi du Maroc, a reproché à Mohammed VI d’avoir fait cavalier seul dans la normalisation avec Israël et de ne pas avoir consulté le peuple marocain pour ce faire. «Il serait important que sur des questions aussi essentielles le peuple marocain puisse s’exprimer et que la liberté d’opinion soit pleinement reconnue», a-t-il affirmé dans une tribune parue dans L’Obs.
Le chercheur associé au Weatherhead Center for International Affairs a, par ailleurs, confirmé les liens qui existaient entre Rabat et Tel-Aviv bien avant que Donald Trump annonce l’établissement de relations diplomatiques officielles entre les deux puissances occupantes. «Cette reconnaissance mutuelle a soulevé d’intenses critiques dans des milieux divers qui reprochent au Maroc d’avoir exploité la situation de deux peuples sans Etat : le Maroc braderait les Palestiniens en échange de la consolidation de sa position au Sahara Occidental, dont le statut n’a pas encore été déterminé par le droit international», écrit-il, en rappelant que «le rapprochement avec Israël a toujours été sur l’agenda dynastique».
«La monarchie marocaine a maintenu des canaux de communication fructueux avec Israël, allant d’une diplomatie informelle à une coopération sécuritaire – cette dernière ayant parfois conduit à des épisodes sinistres, comme l’affaire Ben Barka. Mais le rapprochement avec Israël a toujours été sur l’agenda dynastique», a souligné Hicham Ben Abdallah Alaoui, quatrième dans l’ordre de succession au Maroc. «Les événements actuels inscrivent le roi Mohammed VI dans la ligne de son grand-père et de son père. Il fait faire un pas de plus au processus de rapprochement. Il revient d’abord à la situation qui a prévalu jusqu’en 2001, quand les deux pays avaient échangé des bureaux de liaison. Ensuite, à partir de là, se développe un processus graduel», a-t-il expliqué.
Le «prince rouge», comme l’appellent certains au Maroc en raison de son opposition au régime dictatorial actuel, estime, s’agissant de la reconnaissance éphémère par l’ex-président américain Donald Trump de la marocanité du Sahara Occidental, qu’«il faut bien reconnaître que la déclaration américaine constitue un important geste politique, mais qui ne saurait modifier le droit international». «C’est à la présidence Biden de décider : reconduire cette décision, la modifier ou la rejeter», a-t-il conclu.
La réponse de Joe Biden n’a pas tardé : il vient d’ordonner le rétablissement de la ligne de démarcation qui sépare le Maroc des territoires occupés du Sahara Occidental.
M. K.
Comment (12)