Les scénarios possibles pour l’après-Djerad : hypothèses et supputations
Par Nabil D. – Les supputations vont bon train, alors que les choses s’accélèrent depuis le retour du président Tebboune d’Allemagne. Sitôt arrivé à Alger, le chef de l’Etat s’est mis au travail pour rattraper le retard induit par l’épidémie du Covid-19 et son absence, même si, comme il l’a assuré dans son discours, lors de son premier séjour médical à Berlin, il a continué à suivre la situation et à donner des instructions de loin.
Les regards se dirigent encore une fois vers le ministre des Affaires étrangères qui pourrait, dit-on, prendre l’intérim du Premier ministre pour conduire une équipe gouvernementale technique jusqu’aux législatives prévues vers la fin du mois de mai ou le début du mois de juin. Sabri Boukadoum avait été chargé de la même mission au lendemain de la présidentielle du 12 décembre lorsqu’il avait succédé à Nouredine Bedoui en attendant la constitution du gouvernement Djerad qui vit ses dernières heures, indiquent de nombreuses sources.
Le courant ne semblait pas passer entre le président Tebboune et son Premier ministre au salon d’honneur de l’aéroport de Boufarik. Contrairement aux autres personnalités venues l’accueillir à son retour d’Allemagne, Abdelaziz Djerad a eu droit à un échange froid avec le chef de l’Etat qui a esquissé un rictus forcé en guise de sourire de circonstance. De nombreux observateurs y ont vu un Djerad tombé en disgrâce pour des raisons que l’opinion publique finira peut-être par connaître un jour.
Si l’option Boukadoum est retenue, ce dernier dirigera l’Exécutif jusqu’à l’élection d’un nouveau Parlement et la constitution d’une nouvelle équipe gouvernementale à forte coloration politique qui en sera issu. Le président de la République compterait, en effet, mettre en place un gouvernement d’entente nationale pour traverser la crise qui secoue le pays depuis la décision de Gaïd-Salah d’imposer un cinquième mandat, avant de sacrifier le président sortant dont on dit qu’il aurait émis le souhait de ne pas se représenter depuis 2014 et qu’il y aurait été contraint par l’ancien patron de l’armée.
Le gouvernement de transition, qui aura une mission limitée de trois mois, se verra débarrassé de ses ministres qui ont failli et dont certains ont défrayé la chronique par les scandales qui ont éclaboussé leurs départements respectifs. On parle d’une vingtaine de membres du gouvernement Djerad qui seraient sur la sellette. Les autres, qui demeureront en poste, seront maintenus pour gérer les affaires courantes sans aucun impact sur le déroulement des élections.
Si le président Tebboune se focalise sur le politique avant l’économique, en dépit de l’urgence d’une réforme profonde et de la situation sociale difficile que traverse le pays, c’est parce qu’il est conscient qu’il ne pourra pas entamer le travail de fond sans une approche consensuelle. C’est dans ce sens, explique-t-on, qu’il compte associer la société civile et l’opposition à sa démarche pour préparer sa succession dès à présent, dans un climat apaisé et purgé des réflexes ataviques hérités des vingt ans de règne sans partage de son prédécesseur.
N. D.
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