Cette déclaration de Ghannouchi qui fait trembler le roi du Maroc Mohammed VI
Par Nabil D. – Les Marocains se braquent. Mais, cette fois-ci, contre un leader tunisien. Et pour cause. Le chef de file du parti islamiste tunisien, Rached Ghannouchi, a déclaré, dans un entretien à un média local, qu’il était temps que la Tunisie, l’Algérie et la Libye «ressuscitent l’Union du Maghreb arabe». A Rabat, cette exclusion passe mal et, comme à l’accoutumée, le Makhzen a chargé son armée de moucherons de lapider l’auteur de cette offense faite au nouvel allié d’Israël dans la région.
«Nous misons sur le triangle Algérie-Tunisie-Libye pour relancer l’UMA», a affirmé le président du Parlement tunisien en appelant son pays à s’appuyer sur ses deux voisins dans son plan de développement à travers une nouvelle Union maghrébine [sans le Maroc et la Mauritanie] «seule à même d’aider la Tunisie dans un cadre régional». Ghannouchi a, par ailleurs, décrit ses relations avec les responsables algériens comme étant «excellentes» et fait part de son souhait que les frontières entre les trois pays puissent rouvrir dans les plus brefs délais. Il a également appelé à créer une monnaie commune «car l’avenir de ces trois pays maghrébins est commun».
Les Marocains ont compris, à travers les propos du haut responsable tunisien, que le Maroc a été exclu de cette future union restreinte à cause de sa normalisation avec Israël et que la Mauritanie «pourrait rejoindre le camp des normalisateurs au regard de sa faiblesse» et est donc également, elle aussi, bannie.
Les relations du Maroc avec ses voisins algérien et tunisien se sont davantage dégradées depuis la violation du cessez-le-feu par les troupes de Mohammed VI à Guergarate puis l’annonce par l’ancien président américain, Donald Trump, de l’établissement de relations diplomatiques entre Rabat et Tel-Aviv. Alger et Tunis perçoivent cette démarche du Makhzen comme acte de décès du projet de Grand Maghreb, retardé, jusque-là, par l’entêtement du Maroc à empêcher la tenue du référendum d’autodétermination au Sahara Occidental occupé.
Devant la nouvelle donne géostratégique, conséquence des alliances contre nature du voisin de l’Ouest, l’Algérie, la Tunisie et la Libye se voient obligées d’ériger un mur commun face au loup sioniste que le régime monarchique prédateur de Rabat a introduit au Maghreb par un machiavélisme tout marocain : troquer la cause palestinienne contre la reconnaissance de la marocanité du Sahara par l’administration Trump. Or, le Makhzen a misé sur un canasson car non seulement Joe Biden a rétabli la ligne de démarcation effacée par son prédécesseur, mais Israël n’a jamais reconnu la souveraineté marocaine sur les territoires sahraouis, y compris après que Mohammed VI eut fait signer à son Premier ministre islamiste l’infâme acte de soumission à l’Etat hébreu.
N. D.
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