Mahrez et Benzema : deux symboles de conflits politiques qui impactent le foot
Par Nabil D. – Deux événements sportifs aux forts relents politiques ont marqué la scène sportive européenne ces derniers jours. Les deux impliquent deux joueurs d’origine algérienne, Riyad Mahrez et Karim Benzema. Le premier a brandi les drapeaux algérien et palestinien pour célébrer la victoire de son club sur une pelouse britannique, et le second a réitéré son attachement à l’Algérie après avoir été rappelé par le sélectionneur français pour faire partie des Bleus.
La politique s’est invitée sur le terrain de football, et l’Algérie a été indirectement impliquée dans un débat qu’elle n’a ni provoqué ni commenté officiellement. Le geste de Riyad Mahrez, qui a fait la fierté des Algériens en éliminant l’arrogant club parisien du PSG grâce à trois buts inscrits, l’un à Paris et les deux autres à Manchester, a été largement relayé par les médias internationaux car il intervient au lendemain de l’agression criminelle d’Israël contre les populations palestiniennes à El-Qods et à Gaza. Le capitaine des Verts a clairement affiché et son soutien à la Palestine et son amour qu’il porte pour l’Algérie, seul pays à avoir dénoncé en des termes vigoureux l’acte barbare commis par le régime raciste de Tel-Aviv et à avoir ouvertement fustigé la normalisation de certains pays arabes avec l’entité sioniste.
«Il faut avoir une sacrée dose de courage pour brandir ces deux drapeaux qui symbolisent la résistance au sionisme au cœur même de l’Internationale sioniste, la Grande-Bretagne, sans accepter aucun marchandage sur les principes qui meuvent l’Algérien dans l’âme qu’est Riyad Mahrez, et sans craindre des représailles ou d’être allumé par les médias britanniques proches d’Israël», commentent des observateurs. «Cette attitude courageuse a augmenté l’estime de Riyad Mahrez auprès des millions d’Algériens qui n’ont jamais douté de sa force d’âme et de ses principes», ajoutent-ils, en rappelant ses nombreuses actions envers sa communauté.
Critiqué par une partie des Algériens pour avoir préféré évoluer dans les rangs des Bleus et tourner le dos aux Verts, Karim Benzema s’est attiré les foudres de ses compatriotes des deux rives de la Méditerranée. Mais le sociétaire du Real Madrid, aujourd’hui âgé de 33 ans, avait expliqué avoir jeté son dévolu sur le Onze de France uniquement «pour le jeu» tout en proclamant son amour pour l’Algérie, au point de bouder la Marseillaise. «Pas suffisant !» ont réagi certains dans son pays d’origine, alors qu’en France les extrémistes de droite ne le lâchent plus pour avoir avoué son attachement à la terre natale de ses parents émigrés. La polémique a enflé récemment lorsqu’un animateur de télévision renommé, Bernard Montiel, a reçu des menaces de mort et une avalanche de messages de haine pour avoir scandé «vive l’Algérie !».
La politique et la géopolitique se sont définitivement incrustées dans le sport roi, mais cela ne date pas d’aujourd’hui. La «guerre du cuir» a commencé lorsque deux pétromonarchies ont décidé de faire des stades de football un terrain de bataille. Le Qatar a acheté le PSG et les Emirats Manchester City, qui a battu son adversaire à plate couture, dans le prolongement du conflit qui oppose les deux Etats du Golfe sur des sujets autrement plus graves.
N. D.
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