«Répression» : le média britannique en ligne The Independent rejoint Le Monde
Par Mohamed K. – Le journal britannique The Independent a emboîté le pas au quotidien français Le Monde en évoquant une «nette escalade de la répression gouvernementale» en Algérie. Un article au vitriol qui coïncide avec la mise au point, différemment appréciée, de l’ambassadeur d’Algérie à Paris à l’organe central du Parti socialiste. «Nette escalade de la répression gouvernementale alors que l’Algérie se rend aux urnes après une période de protestation», titre The Independent, selon lequel «les Algériens sont descendus en masse dans la rue ces dernières années et vont voter le 12 juin, mais peu pensent que beaucoup de choses vont changer».
«Le gouvernement algérien a été accusé d’avoir intensifié sa campagne d’intimidation contre des manifestants pro-démocratie avant les élections législatives du 12 juin», souligne le premier quotidien généraliste londonien à être devenu un journal 100% en-ligne. «Des groupes de défense des droits ont qualifié la répression de sans précédent», poursuit le journal, qui ajoute que «néanmoins, vendredi, des manifestants ont de nouveau défilé en nombre, certes, réduit à travers l’Algérie, leurs banderoles rejetant l’influence des cercles d’influence fermés autour de la Présidence et dénonçant les prochaines élections comme un accord avec les gangs des mafieux».
Des observateurs avisés avaient mis en garde contre une levée de boucliers «inévitable» après l’interview fleuve accordée par le président Tebboune au magazine français Le Point. Un entretien dans lequel il a écorché le régime monarchique de Rabat, qui compte de nombreux lobbyistes au sein de nombreuses rédactions en France et ailleurs en Europe et aux Etats-Unis, ainsi qu’au cœur du Parlement européen et des gouvernements français, belge et israélien.
«La contre-offensive n’allait pas tarder et allait être virulente», notent ces observateurs qui indiquent que même Le Point devrait «normalement» se fendre d’un brûlot «sur commande» contre l’Algérie dans une de ses prochaines livraisons, l’interview du chef de l’Etat algérien étant elle-même une publication sponsorisée, suspectent des sources généralement bien informées. «C’est à une guerre par médias occidentaux interposés que se livrent l’Algérie et le Maroc», notent ces sources qui ajoutent que «sur ce terrain marécageux, le régime de Rabat part perdant d’avance depuis qu’il s’est mis l’Espagne et l’ensemble des pays européens à dos après la scandaleuse machination de Ceuta qui a mis à nu l’incurie de la diplomatie marocaine et de son chef qui a révélé au grand jour la grande misère qui règne au royaume de Mohammed VI».
Dans sa réponse au Monde, Mohamed-Antar Daoud s’était indigné de ce que le journal français de gauche ait rédigé son éditorial «à partir d’une salle de rédaction parisienne» et que l’auteur soit empreint d’une «subjectivité déconcertante». «Le caractère délibérément outrageux et violent de ce texte, prenant pour cible le président de la République et l’institution militaire, interpelle sur les desseins réels d’un tel acharnement qui se renouvelle, sciemment, à l’approche de chaque échéance politique dans mon pays», a écrit l’ambassadeur d’Algérie à Paris, qui a estimé que «l’on est légitimement en droit de s’interroger sur la démarche du Monde, voire sa motivation», en suspectant le média français de «servir les intérêts occultes des lobbies hostiles à une relation apaisée entre l’Algérie et la France».
L’ambassadeur a dénoncé le recours à des «clichés éculés, véhiculés et ressassés sans cesse par un nombre de médias», en déplorant que, «contrairement à d’autres pays, et dès lors qu’il s’agit de commenter l’actualité politique en Algérie, on déforme la réalité en employant des qualificatifs inappropriés, présentant, ainsi, le maintien de l’ordre, prérogative régalienne de tout Etat, comme pratique de répression et d’étouffement».
M. K.
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