Complots contre l’Algérie : sommations de Chengriha et signaux de Boukadoum
Par Abdelkader S. – «Aucune puissance ne nous fait peur !» C’est le mot d’ordre porté par l’armée et la diplomatie algériennes pour répondre aux manœuvres subreptices qui visent le pays de toute part. Le chef d’état-major de l’ANP et, avant lui, Sabri Boukadoum ont clairement signifié aux alliés du Makhzen et de Khalifa Haftar – car ce sont eux qui sont ciblés – qu’ils devaient réfléchir à deux fois avant de tenter quoi que ce soit contre l’Algérie qu’ils risqueraient de payer cher.
Dans son discours à Moscou, le général de corps d’armée Saïd Chengriha a clairement pointé du doigt les Etats-Unis et la France, «deux membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU» dans le dossier sahraoui, mais également les pays qui téléguident le maréchal d’opérette Khalifa Haftar en Libye. C’est «l’armée» de ce dernier que le patron de l’ANP mettait en garde précisément, suite à la décision de l’ancien prisonnier des Tchadiens dans les années 1980 de déclarer la frontière avec l’Algérie «zone militaire interdite». Cette sévère mise en garde à l’adresse des «ennemis classiques» potentiels de l’Algérie a été appuyée dans un autre discours prononcé devant les hauts gradés de la 4e Région militaire qui se tiennent prêts pour toute intervention contre les milices de l’Est libyen, l’ANP pouvant désormais intervenir derrière les lignes ennemies, soit hors des frontières nationales.
De son côté, le ministre des Affaires étrangères multiplie les activités, les contacts et les initiatives dans les dossiers chauds du moment, adoptant le même discours ferme de l’armée, d’autant que la majorité des Etats membres de la Ligue arabe s’est mise dans la même tranchée que le Maroc dans son conflit avec l’Espagne, bien que le régime monarchique de Rabat soit fautif. Les monarchies du Golfe, qui exercent leur hégémonie sur ce qui reste de cette instance panarabe complètement obsolète, montrent leurs crocs face à trois pays – l’Algérie, la Syrie et le Liban – qui ont ceci de commun qu’ils sont tous farouchement opposés à la normalisation avec l’entité sioniste et entretiennent des relations étroites avec l’Iran – pays musulman qui ne nourrit aucune visée colonisatrice contrairement à Israël et au Maroc.
C’est dans ce contexte géostratégique mouvant et turbide que le chef d’état-major de l’ANP et le chef de la diplomatie sont montés au créneau pour avertir toutes ces parties prenantes du plan américain de reconfiguration du Grand Moyen-Orient – incluant le Maghreb – que la grave crise multidimensionnelle interne que traverse l’Algérie ne l’affaiblit pas pour autant et que son armée et ses alliés historiques – Russie et Chine – répondront vigoureusement à toute attaque, quels qu’en seraient les auteurs et la nature. La guerre de quatrième génération est déjà déclarée au pays, tandis que la dernière manœuvre militaire organisée et supervisée par les Etats-Unis au Maroc, soit au plus près des frontières avec l’Algérie, est perçue comme un casus belli qui risque de mettre le feu aux poudres, non seulement en Afrique du Nord, mais dans toute la région.
Il semble que la sommation sans ambages du général Saïd Chengriha ait été reçue cinq sur cinq par ses destinataires.
A. S.
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