Le général Abdelaziz Medjahed : «Le Libyen Haftar est insignifiant pour nous»
Par Kamel M. – L’ancien conseiller aux questions de défense à la présidence de la République, le général à la retraite Abdelaziz Medjahed, a affirmé que «Khalifa Haftar est insignifiant pour l’Algérie». S’exprimant sur la chaîne de télévision El-Bilad TV, le directeur de l’Institut national des études stratégiques globales a expliqué que le feudataire des Emiratis «ne concerne que les autorités libyennes et les Libyens eux-mêmes». «Nous considérons qu’il n’est pas reconnu par la communauté internationale qui a décidé qu’il y avait en Libye une autorité légale dont le siège est à Tripoli», a-t-il dit, en ajoutant : «Quant à cet individu, ni nous lui accordons quelque importance ni nous commentons ce qu’il dit vu qu’il ne respecte pas la souveraineté des autorités reconnues sur le plan international.» «Il est hors champ et il ne mérite même pas qu’on lui réponde», a asséné Abdelaziz Medjahed.
Khalifa Haftar multiplie les provocations à l’égard de l’Algérie bien que les autorités algériennes aient toujours veillé à ne pas s’ingérer dans les affaires internes libyennes et encouragé les parties au conflit en Libye à privilégier la voie du dialogue et à faire taire les armes. Il y a dix jours, les milices armées du «maréchal» libyen se sont déployées le long de la frontière avec l’Algérie, déclarée zone militaire interdite aux civils. En septembre 2018, une déclaration du maréchal libyen autoproclamé contre l’Algérie trahissait sa frustration de sa milice armée, et celles des forces étrangères qui le soutiennent, d’achopper à l’ultime rempart qui se dresse encore devant lui, à savoir Tripoli, alors que le vassal d’Abu Dhabi promettait, quelques semaines auparavant, de conquérir la capitale et d’en finir ainsi avec l’autorité légitime.
Pour camoufler son incapacité de marcher sur Tripoli, Haftar avait inventé une histoire d’incursion de l’armée algérienne sur le territoire libyen pour faire comprendre insidieusement que c’est l’Algérie qui, par son soutien politique et diplomatique assumé au gouvernement de Fayez Al-Sarraj, l’aurait privé d’une entrée triomphale dans la capitale. Du coup, le ton était donné pour se lancer frontalement contre l’Algérie.
Pour de nombreux observateurs de la scène régionale, cette sortie de Khalifa Haftar sonnait comme un «ballon-sonde» lancé par les capitales arabes qui le soutiennent. Ils n’excluaient pas que les services de renseignements émiratis fussent derrière cette agitation, en manipulant leur protégé par des informations qu’ils seraient les seuls à pouvoir recueillir, la milice de Haftar n’ayant ni les moyens techniques ni une présence à l’échelle du pays pour pouvoir surveiller toutes les frontières.
Un expert militaire algérien avait, de son côté, estimé que «Haftar n’a pas dû agir seul», dans la mesure où «beaucoup de pays qui ont des intérêts pourraient être derrière sa démarche aventureuse».
K. M.
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