Plusieurs firmes internationales sanctionnées pour leurs investissements en Palestine occupée

Le Franco-israélien Patrick Drahi., patron de SFR et BFMTV. D. R.

Contribution de Sabri Oukaci – Kommunal Landspensjonskasse Gjensidig Forsikringsselskap (KLP), un des principaux fonds de pension norvégien gérant près de 80 milliards d’euros d’actifs, a annoncé, le 5 juillet 2021, se désengager de 16 entreprises présentes en Cisjordanie dans les colonies israéliennes.

Parmi elles, la multinationale industrielle française Alstom, ainsi qu’Altice, holding luxembourgeoise du milliardaire franco-israélien Patrick Drahi, né à Casablanca au Maroc, qui détient, entre autres, l’opérateur télécom SFR et la chaîne d’information continue BFMTV.

Notons que l’occupation des territoires palestiniens est considérée comme illégale par les Nations unies, alors que plus de 600 000 colons israéliens vivent en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, suscitant de vives tensions avec la population palestinienne.

Les entreprises concernées par le désinvestissement de KLP figuraient sur une liste de 112 compagnies contenue dans un rapport de l’ONU, ayant des activités dans les territoires occupés par Israël, malgré leur illégalité aux yeux du droit international. Publié en janvier 2020, le rapport avait été qualifié de «honteux» par l’Etat israélien.

Le rapport en question répondait à une résolution de 2016 du Conseil des droits de l’Homme de l’ONU demandant une «base de données de toutes les entreprises engagées dans des activités particulières liées aux colonies israéliennes dans les Territoires palestiniens occupés».

Le fonds norvégien a expliqué que la présence de ces sociétés dans les colonies israéliennes en Cisjordanie contribuait à une violation du droit humain international au sein des territoires occupés.

KLP accuse ces entreprises d’avoir contribué à l’aménagement des territoires occupés au travers du financement de la construction de bâtiments et d’infrastructures, telle que la multinationale française Alstom. Altice, du Franco-israélien Patrick Drahi, fait, quant à elle, partie des cinq entreprises de télécoms accusées par le fonds d’avoir participé à la transformation des territoires en «zones résidentielles attractives» en y offrant leurs services.

Au total, les désinvestissements du fonds norvégien qui s’élèvent à 32 millions de dollars ont été finalisés fin juin 2021. Par ailleurs, KLP a également inclus Motorola, l’entreprise américaine de télécoms, pour avoir fourni une solution complète de vidéosurveillance aux fins de contrôler les frontières entre Israël et la Palestine.

Au mois de juin 2021, le fonds de pension norvégien se désengageait du plus grand opérateur portuaire indien Adani Ports et de Special Economic Zone Limited, au motif que les liens de l’entreprise avec l’armée birmane enfreignent la politique d’investissement responsable du fonds.

«Les entreprises ont la responsabilité de respecter et protéger les droits humains dans tous les pays où elles opèrent, indépendamment du respect de ces droits par l’Etat lui-même», explique Kiran Aziz, Senior Analyste chez KLP. «Nous avons des attentes et des principes clairs en tant qu’investisseurs responsables», a-t-elle ajouté.

KLP craint que le terminal à conteneurs construit par Adani Ports, sur un terrain appartenant à l’armée birmane, ne constitue un «danger imminent» dans son utilisation par les forces armées birmanes pour importer des armes et du matériel, ou son exploitation comme base navale.

«De cette façon, le port pourrait être utilisé par l’armée pour poursuivre ses violations des droits de l’Homme», explique Kiran Aziz.

Rappelons qu’en 2015 KLP avait exclu le géant anglo-suisse de négoce, courtage et d’extraction de matières premières Glencore de sa liste parce que cette dernière menait des études d’exploration sous le plateau continental au large des côtes du Sahara Occidental. KLP avait considéré qu’investir dans Glencore, c’est être en conflit avec sa charte en matière d’investissement responsable.

Auparavant, en 2013, le fonds norvégien avait retiré l’action pétrolière française Total de son portefeuille en raison de l’implication de la société au Sahara Occidental.

S. O.