Le «président» Ferhat demande une audience à «sa majesté» le roi du Maroc
Par Kamel M. – Ferhat Mehenni a adressé une lettre à l’ambassadeur du Maroc à Paris, Chakib Benmoussa, signée de son «porte-parole», Aksel Amziane. Le patron du mouvement séparatiste MAK, classé récemment organisation terroriste en Algérie, y adresse ses «remerciements les plus sincères» à Mohammed VI «suite au soutien du royaume du Maroc […] par la voix de son représentant ambassadeur permanent à l’ONU».
«Le président du Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie […] tient à exprimer à sa majesté le roi Mohammed VI – dans la lettre, les majuscules déférentes et ployantes sont de rigueur – sa profonde reconnaissance pour ce geste historique», lit-on dans la missive pleine de viscosité, à travers laquelle Ferhat Mehenni demande une audience au roi du Maroc, en se disant «honoré de pouvoir rencontrer sa majesté». Et de courber l’échine pour s’adonner au traditionnel baisemain : «A sa convenance dès que cela sera possible.»
On ne sait pas si Mohammed VI répondra par l’affirmative à la sollicitation du «président de la Kabylie» et si, au cas où le souhait de ce dernier serait exhaussé, il lui déroulerait le tapis rouge et l’accueillerait à sa descente d’avion en tant que «chef d’Etat» qui effectue une visite officielle dans un pays avec lequel il devrait discuter des questions de coopération bilatérale car, en définitive, c’est pour conclure des accords et signer des contrats qu’un chef d’Etat se déplace à l’étranger.
Quelles seraient alors les questions inscrites à l’ordre du jour d’une hypothétique rencontre entre le souverain marocain et son probable hôte qui semble assuré d’une telle rencontre, sinon il n’aurait pas osé faire le pas au risque d’être rabroué et humilié. Il faudrait donc s’attendre à voir Ferhat Mehenni à Rabat dans les jours et les semaines à venir, le Makhzen voulant battre le fer tant qu’il est chaud et exacerber la crise qui l’oppose à l’Algérie depuis qu’Omar Hilale a brandi l’arme de guerre à New York : une carte de l’Algérie sciemment amputée de son… «Sahara marocain», dans une puérile et grotesque réaction à l’intervention du ministre des Affaires étrangères qui réitérait la position de l’Algérie sur la question du Sahara Occidental et son droit à l’autodétermination.
D’ailleurs, ce n’est pas un hasard si Ferhat Mehenni a changé de nom à son organisation, en remplaçant «autonomie» par «autodétermination», vraisemblablement à la demande exprès du régime marocain qui y trouve ainsi matière à marchander avec Alger, en s’arc-boutant sur l’argument que le dossier sahraoui serait «similaire en tout point à celui de la Kabylie occupée». Or, en jouant à ce jeu bêta, le Makhzen se tire une balle dans le pied puisqu’il il admet qu’il occupe illégalement le territoire du Sahara Occidental, en se comparant idiotement à son voisin de l’Est qui occuperait de même un territoire qui ne serait pas le sien.
Le Makhzen et le MAK n’en sont pas à leur première ineptie. Ne dit-on pas que l’âne frotte l’âne (asinus asinum fricat) ?
K. M.
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