Quand un dissident du MAK mettait en garde contre ce mouvement extrémiste
Par Houari A. – Si nombre d’Algériens découvrent le degré de nuisance du Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK), les mises en garde contre les sérieuses menaces que cette organisation classée terroriste fait peser sur la sécurité du pays ne datent pas d’aujourd’hui. En avril dernier, soit bien avant le drame de Larabâa Nath Irathen, un ancien bras droit de Ferhat Mehenni révélait des faits d’une extrême gravité sur les alliances dangereuses et les pratiques mafieuses de ce dernier et de ses proches collaborateurs.
Le chanteur Amirouche, qui est revenu à la charge après les incendies de Kabylie et le meurtre du jeune Djamel Bensmaïl, pour dénoncer à nouveau les comportements peu amènes de cette secte qui le traque pour l’avoir dénoncé. Cet ex-militant du MAK, qui a quitté Paris pour se prémunir de toute agression physique ou tentative d’assassinat, avait tout déballé dans un enregistrement vidéo, s’en prenant plus particulièrement au fondateur du MAK qu’il accuse de mille et un vices.
Le dissident du mouvement autonomiste n’est pas seul dans sa rébellion contre le «président» autoproclamé de la Kabylie. Faisant intervenir un autre ancien élément du MAK à Bouira, ce dernier avait admis que dans sa commune de 10 000 habitants, «il y a zéro sympathisant du MAK». Une façon de prouver que ce mouvement est minoritaire et ne représente rien dans cette région du pays. La plupart de ses membres étant installés en France.
Le chanteur, qui avait décidé de crever l’abcès, avait surtout révélé comment le MAK et les transfuges du FFS sont en train d’«islamiser la Kabylie», en pactisant avec le FIS et le mouvement Rachad. L’intervenant n’avait pas cité ces deux entités nommément, mais avait indiqué qu’une alliance tacite a été scellée entre l’organisation de Ferhat Mehenni et les islamistes, l’ancien chanteur d’Imazighen Imoula cherchant à se servir de cette composante de la société pour parvenir à ses objectifs. D’ailleurs, même ce dissident avait admis qu’il ne voyait pas – au début – d’inconvénient à ce que les militants berbéristes «affrontent le régime main dans la main avec les islamistes».
Le chanteur Amirouche avait, par ailleurs, accusé le fondateur du MAK d’avoir fait fortune grâce à cette organisation, en expliquant que ce dernier détournait l’argent des taxes obligatoires pour l’établissement de la carte d’identité et du passeport «kabyles», ainsi que la confection et la commercialisation des fanions, des t-shirts et des drapeaux du MAK. «D’où le fils de Ferhat Mehenni tient-il l’argent qui lui a permis d’acheter un bistrot d’une valeur de 500 000 euros situé juste en face de la gare de Lyon [dans le XIIe arrondissement de Paris] ?» s’était-il interrogé.
Plus grave, le chanteur dissident avait qualifié le MAK d’organisation «extrémiste» et «terroriste» – bien avant que le Haut Conseil de sécurité déclare le MAK et Rachad comme tels – pour avoir été «menacé de mort» en raison de ses révélations qui semblaient déstabiliser Ferhat Mehenni et son «gouvernement».
Comme le FIS et les groupes islamistes armés, ce mouvement autonomiste financé par le Maroc et Israël est en voie de démantèlement par les services de sécurité algériens.
H. A.
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