Deux académiciens français font réviser à Macron ses cours d’histoire mal appris
Par Mohamed K. – Après l’historien Benjamin Stora qui a corrigé l’erreur du président français selon lequel l’Algérie en tant que nation n’existait pas avant la colonisation française, c’est au tour de l’académicien Olivier-Lecour Grandmaison d’administrer une leçon d’histoire au jeune Emmanuel Macron, prolixe et théâtral, mais par trop approximatif et creux. Dans une tribune publiée dans les colonnes d’Academia.edu, à une semaine de la commémoration des massacres du 17 Octobre, dont le pensionnaire de l’Elysée et candidat à sa propre succession veut faire une occasion pour rafistoler les relations perturbées entre l’Algérie et la France à cause de ses propos provocateurs, le politologue français estime que le «très consensuel devoir de mémoire est depuis longtemps au service du renoncement puisqu’il permet d’éviter de se prononcer de façon précise sur la qualification juridique et politique des faits».
«Commémorer a minima pour se soustraire à une reconnaissance pleine et entière, telle est la position de cette cohorte hétéroclite, pusillanime et cauteleuse qui réunit des amoureux prétendus de Clio, de nombreux représentants de diverses gauches politiques et de l’actuelle majorité présidentielle», écrit-il. Et d’ajouter : «Classique tactique politique qui consiste à accorder un peu pour ne rien concéder sur le fond.» «De cela témoignent les cérémonies officielles, entre autres, organisées chaque année par la mairie de Paris au Pont Saint-Michel, et les discours convenus des personnalités présentes. A grand renfort de formules rebattues et de mots fourre-tout», poursuit Olivier-Lecour Grandmaison, en relevant que toutes ces formules – tragédie, drame, pages sombres de notre histoire, etc. – «prennent garde à ne pas mettre en cause l’Etat et la République devenus criminels.»
Par cette «puissante mythologie nationale-républicaine» et ce «conformisme veule qu’elle favorise», la France cherche, soixante ans après ces assassinats institutionnalisés, à «soutenir et absoudre les forces de l’ordre, et participer ainsi à la négation des crimes commis pour mieux défendre Maurice Papon, le pouvoir en place et les moyens mis en œuvre pour combattre les nationalistes algériens et les nombreux immigrés qui ont manifesté, la censure, des intimidations et des menaces, les contemporains, qui souhaitaient s’informer sur les agissements des fonctionnaires de police, le rôle de Maurice Papon et l’ampleur des violences extrêmes employées avant, pendant et parfois après les rassemblements du 17 Octobre 1961», dénonce l’auteur de Coloniser, exterminer. Sur la guerre et l’Etat colonial, qui reprend les témoignages de Pierre Vidal-Naquet et Michel Foucault.
«Il ne fait aucun doute que Maurice Papon a été, au cours de cette période, constamment couvert et qu’il a conduit sa bataille de Paris avec le soutien du gouvernement puisque sa mission n’était pas seulement de tenir la capitale», ont narré ces deux universitaires, selon lesquels «des deux côtés de la Méditerranée, des moyens non conventionnels, constitutifs d’un terrorisme d’Etat, ont été employés pour briser le FLN, atteindre ses militants et les Algériens qui, d’une façon ou d’une autre, soutenaient l’organisation nationaliste».
M. K.
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