Le pompier Le Drian et le pyromane Macron ou le double jeu de la France
Par Abdelkader S. – Les médias se sont emparés de la déclaration du ministre français des Affaires étrangères dans laquelle il réitère sa conviction inaliénable que la souveraineté de l’Algérie doit être respectée. On s’attendait à cette rectification de Jean-Yves Le Drian dès la sortie incongrue du président Emmanuel Macron car c’est ainsi que fonctionne la diplomatie française. L’un tape sur l’Algérie, l’autre brosse dans le sens du poil et les relations redeviennent normales comme si de rien n’était. Cela, Algeriepatriotique l’a annoncé au moment même où le pensionnaire de l’Elysée s’était fendu d’une déclaration sinon provocante, du moins maladroite.
Auparavant, l’ambassadeur d’Algérie en France réagissait, dans nos colonnes, à un article publié par un site algérien, en assurant que les contacts entre Alger et Paris n’ont jamais été totalement rompus, en précisant qu’un chargé d’affaires est toujours en poste dans la capitale française et que l’ambassadeur de France à Alger n’a pas quitté l’Algérie. On l’a même vu inaugurant une nouvelle école française à Annaba et entendu déclarer que cela s’inscrivait «en droite ligne» dans le renforcement permanent des liens entre les deux pays. Le message était on ne peut plus clair, tant il intervenait au firmament de la crise diplomatique et au lendemain de la décision de l’Algérie de rappeler son ambassadeur et d’interdire son espace aérien aux avions militaires français.
Le «geste» de François Gouyette, qui avait lui-même été à l’origine d’une première escarmouche entre Alger et Paris, a été perçu comme une première réponse aux autorités algériennes de la part de leurs homologues françaises qui voulaient ainsi atténuer un tant soit peu la colère de cette ancienne colonie qu’elle peine à faire un second Maroc assujetti. Notre ambassadeur regagnera Paris dans quelque temps et les choses reprendront leur cours à peu près normal, eu égard à l’impossibilité pour les deux pays d’aller au-delà de ces mesures de rétorsion mutuelles qui résonnent comme de simples signaux par lesquels l’ancienne puissance coloniale et l’ancienne colonie expriment leurs différends, sans jamais «dépasser les limites».
Quelque six millions d’Algériens vivent en France, tandis que le nombre de vols quotidiens entre les villes algériennes et françaises – en temps normal – se comptent par dizaines, sans compter les dessertes maritimes. C’est dire les liens humains qui lient l’Algérie et la France. Ce qui, par ailleurs, justifie l’incompréhension et l’ire des responsables politiques algériens qui voient dans l’acharnement assumé du pouvoir français contre la communauté algérienne un facteur d’incompréhension et d’indignation amplement justifié. Au lieu de serrer la vis, la France doit, au contraire, permettre au plus grand nombre d’Algériens de se rendre en France car cette dernière ne peut se permettre de profiter de la main-d’œuvre algérienne qui a servi de levier économique durant les Trente Glorieuses et traiter leurs descendants comme des moins que rien. Il y a dans cette attitude à la fois une ingratitude manifeste et un égoïsme évident.
Que la France verrouille ses frontières ou refuse les visas au plus grand nombre, des Algériens continueront d’entrer de plus en plus nombreux en France par des voies illégales. Et, non seulement la France n’y pourra rien, mais elle sera submergée de clandestins au moment où elle vante les mérites de l’immigration sélective grâce à laquelle elle débauche des centaines de cadres et des milliers d’étudiants qui feront le bonheur des entreprises françaises au grand dam de l’Algérie qui forme des cohortes d’universitaires qu’elle offre à la France et aux autres pays occidentaux sans aucun bénéfice en contrepartie.
A. S.
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