Le discours de Macron sur les crimes du 17 Octobre n’a pas convaincu à Alger
Par Abdelkader S. – Le discours d’Emmanuel Macron sur les massacres du 17 Octobre à Paris n’a pas convaincu à Alger. «Le président français reconnaît du bout des lèvres cette tragédie mais il ne présente pas d’excuses comme pour les harkis», a réagi une source autorisée, sollicitée par Algeriepatriotique. «Il utilise des expressions volontairement à double lecture pour ne pas froisser les nostalgiques de l’Algérie française et les partisans de l’OAS et de l’extrême-droite», poursuit notre source qui s’arrête à des déclarations comme «toutes les victimes», «engrenage de la violence», «crimes commis de tous côtés», etc. «Emmanuel Macron impute la tragédie à Papon alors que c’est un crime d’Etat qui implique la République française avec l’ensemble de ses rouages institutionnels, administratifs et policiers», objecte notre source.
L’Elysée a rendu public un communiqué, ce samedi, soit à la veille de la commémoration des crimes commis par la police française à l’encontre des manifestants pacifiques algériens à Paris dans lequel il est carrément reproché aux manifestants algériens d’être «sortis de chez eux après 20h30 […] malgré l’interdiction de la manifestation». Reconnaissant que la répression «fut brutale, violente, sanglante», le président français a rendu hommage «à la mémoire de toutes les victimes», et s’appuie sur les historiens qui «ont établi de longue date ces faits et les ont inscrits dans un engrenage de violence durant plusieurs semaines», tout en affirmant «reconnaître les faits» dont il attribue la responsabilité au préfet de police de l’époque, Maurice Papon, absolvant les responsables politiques de toute culpabilité dans les crimes commis au nom de la République française.
Emmanuel Macron tente d’esquiver cette infamie en faisant sciemment l’amalgame entre le bourreau et sa victime et s’enferme lui-même dans les «conflits de mémoires» qu’il perpétue en niant l’évidence et en reniant les faits pourtant d’une limpide clarté. «Nous nous attendions à ce discours mitigé, creux, évasif et oiseux, sachant le en-même-temps du président français qui tient le bâton par le milieu, rendant hommage à la fois aux militants de la cause algérienne assassinés par l’Etat français et aux supplétifs de l’armée française qui se sont rendu coupables de crimes abjects à l’encontre des populations civiles, faisant ainsi le sale boulot pour le compte de la puissance coloniale», commente notre source, qui affirme ne voir «aucune évolution positive dans l’attitude du gouvernement français qui laisserait entrevoir une éclaircie dans les relations entre l’Algérie et la France».
A. S.
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