Union africaine, Israël, Maroc : dernière mise en garde de Lamamra à Faki
Par Mohamed K. – Le ministre des Affaires étrangères n’a pas été par quatre chemins pour mettre en garde le président de la Commission de l’Union africaine au sujet des manœuvres marocaines visant à intégrer l’entité sioniste au sein de l’organisation panafricaine. «Le débat de plusieurs heures que les ministres africains des Affaires étrangères viennent d’avoir sur la question controversée du statut d’observateur accordé à Israël par Moussa Faki a mis en évidence une profonde division des Etats membres de l’Union africaine» a, en effet, déclaré Ramtane Lamamra.
«Les nombreux pays qui, comme l’Algérie, se sont opposés à la décision malencontreuse et dangereuse du président de la Commission ont défendu l’intérêt suprême de l’Afrique qui s’incarne dans son unité et celle de ses peuples», a-t-il insisté, tout en affirmant qu’il était «regrettable que la proposition du Nigeria, élaborée avec l’Algérie, tendant à restaurer immédiatement le statu quo ante n’ait pas été acceptée par une minorité activiste représentée par le Maroc et quelques-uns de ses proches alliés dont la République démocratique du Congo qui a assuré une présidence particulièrement partiale de la séance».
Pour le chef de la diplomatie algérienne, «les plaidoiries de l’Afrique de Sud et de la République arabe sahraouie démocratique en faveur de la juste cause du peuple palestinien ont mis opportunément en perspective l’atteinte grave portée par la décision de Moussa Faki au patrimoine historique de la lutte de l’Afrique contre le colonialisme et l’apartheid». «En définitive, a-t-il précisé, les ministres du courant majoritaire qui ont conscience que la crise institutionnelle engendrée par la décision irresponsable de Moussa Faki tend à rendre irréversible la division du continent ont accepté de soumettre la question au Sommet des chefs d’Etat de l’Union africaine prévu au mois de février prochain». «Il faut donc espérer que le Sommet marquera un sursaut salutaire d’une Afrique digne de son histoire et ne cautionnera pas une cassure irrattrapable», a-t-il mis en garde.
L’Algérie, appuyée par la majorité des pays africains, s’oppose farouchement à cette «incursion» de l’Etat hébreu qui profite de la soumission du Makhzen officialisée par l’acte d’allégeance mené sous la férule de l’ancien président américain, Donald Trump, et élaboré par son gendre, Jared Kushner. Israël a commencé sa «conquête» de l’Afrique par l’Est où elle a noué des partenariats stratégiques avec les Etats composant cette partie du continent proche géographiquement de la péninsule arabique, autrement dit des pétromonarchies du Golfe qui ont concouru à la nouvelle alliance entre le régime de Tel-Aviv et ceux d’Abou Dhabi, de Manama et, plus près de chez nous, de Rabat.
Une attitude qui a déplu à Israël, dont le ministre des Affaires étrangères a proféré des menaces à peine voilées à partir de la capitale marocaine, préludant ainsi à la crise diplomatique qui s’en est suivie et qui a coûté au Maroc la rupture unilatérale des relations diplomatiques décidée par l’Algérie, combinée à une interdiction formelle de survoler son espace aérien par les aéronefs battant pavillon marocain ou immatriculés au Maroc. Dans le même temps, l’armée algérienne multiplie les exercices terrestres, aériens, anti-aériens et maritimes pour parer à toute éventualité, tout en s’employant à se doter des armes les plus sophistiquées pour défendre son intégrité territoriale en cas d’agression extérieure.
M. K.
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